David Briskin au National Ballet

0
Advertisement / Publicité

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Le chef David Briskin est une légende dans le domaine de la musique de ballet. Son leadership a fait de lui un bâtisseur de ponts, grâce à sa capacité de tisser des liens et de susciter le respect en utilisant uniquement la musique et le geste. Les musiciens ne peuvent pas voir les danseurs sur la scène, et ces derniers réagissent à la musique qui provient de la fosse, avec pour résultat une expérience harmonieuse qui jette un pont entre la musique et le mouvement.

Eugène Onéguine de Pouchkine, raconté par John Cranko et orchestré par Kurt-Heinz Stoltze, dresse un portrait tragique de la condition humaine. Maestro Briskin reliera le tout de façon harmonieuse, comme il l’a fait avec le National Ballet, le Royal Ballet, l’American Ballet Theatre, le New York City Ballet, le Ballet royal du Danemark et de nombreuses autres compagnies de danse à travers le monde.

Sur scène comme dans la vie, maestro Briskin respire l’honnêteté et l’humilité. Au cours de son mandat, il n’a cessé d’améliorer la qualité de l’orchestre, ce qui lui a valu la reconnaissance du public et de la critique. Il fait partie du National Ballet depuis 2001 et en est le directeur musical depuis 17 ans. Il a choisi de s’installer à Toronto après avoir passé plus de 23 ans à New York, d’où il a dirigé des orchestres dans toute l’Amérique du Nord.

Est-il difficile de répéter et de reprendre les œuvres préférées du public comme Eugène Onéguine, Le lac des cygnes et Casse-Noisette ?

David Briskin : Nous avons à cœur de bâtir un lien et de dialoguer avec notre public, un volet important de notre mandat; et nous sommes chanceux d’avoir, dans notre répertoire, des productions qui sont bien connues et qui touchent toutes les générations. Chaque année, lorsque la saison de Casse-Noisette arrive, je me rappelle toujours que ce classique constitue une porte d’entrée pour faire découvrir le monde du ballet à de nouveaux publics de tous âges. Avant le spectacle, j’aime regarder la salle et voir les familles et les jeunes visages qui sont émerveillés d’assister au ballet Casse-Noisette, certains pour la première fois.

Qu’est-ce qui rend les éléments musicaux d’Eugène Onéguine si uniques ?

Kurt-Heinz Stolze a fait l’arrangement et l’orchestration de la partition de John Cranko à partir d’une sélection d’œuvres pour piano moins connues de Tchaïkovski, soit l’opéra Les souliers de la reine (Cherevichki en russe) et un extrait de son poème symphonique Francesca da Rimini. Il a délibérément évité d’utiliser la musique d’Eugène Onéguine, l’opéra le plus célèbre de Tchaïkovski.

Stolze a eu le génie de placer le point culminant du ballet — le pas de deux entre Tatiana et Onéguine au troisième acte — dans un arrangement de Francesca da Rimini, d’après une partie de « l’Enfer » de Dante dans la Divine Comédie. Dans ces passages, des personnages historiques submergés par le désir sexuel connaissent une fin malheureuse. Dans ce pas de deux en apothéose, la narration, l’émotion, la danse et la musique forment une tapisserie exquise qui laisse le public bouleversé à la tombée du rideau. Je ne peux m’empêcher de penser que Stolze était conscient de ce lien lorsqu’il a choisi cette musique pour clore le ballet.

Le pas de deux final se termine par un déferlement d’émotions provoqué par les occasions manquées et les conséquences imprévues. Comment la musique contribue-t-elle à illustrer ces sentiments ?

Le traitement de Francesca par Stolze est épisodique; il commence par une mélodie obsédante pour clarinette solo, qui est ensuite répétée par l’ensemble de l’orchestre. À chaque reprise du thème, on peut sentir la tension monter. Avec sa chorégraphie, John Cranko utilise brillamment cette musique pour transformer un deuil personnel en quelque chose de plus grand et de plus universel pendant le pas de deux. C’est ce qui fait de la fin d’Eugène Onéguine l’une des plus efficaces et des plus dramatiques de tout le ballet narratif.

Vous êtes reconnu comme un chef d’orchestre pour le ballet qui amène les danseurs, le chorégraphe et les musiciens de l’orchestre à travailler dans un grand esprit de collaboration. Quelle est votre approche ?

J’ai toujours vu le chef non comme la personne qui dicte ce qu’il faut faire, mais comme le point de connexion ou comme un conducteur électrique – l’élément qui relie les musiciens dans la fosse, les danseurs sur la scène et le public, en veillant à ce que l’énergie musicale, émotionnelle et dramatique vibre constamment et demeure vivante.

David Briskin et le National Ballet of Canada interpréteront Eugène Onéguine au Four Seasons Centre for Performing Arts à Toronto, du 22 au 26 novembre 2023.
www.national.ballet.ca

Traduction par Nathalie Généreux

Playlist

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Partager:

A propos de l'auteur

Andrea Rush B.Mus, L.Mus. LLM. , R.M,T. , Dipl. D’etudes theoriques graduated from the Conservatoire de Que., ( premiere medaille) and McGill University, after studying ( on full scholarship ) with pianists Dorothy Morton, Irving Heller, Fleurette Beauchamp-Huppe Herman David and conductor Alexander Brott. She has guest lectured on music, computer technology and related legal issues at York University, OCAD, McGill and Stanford University. Andrea is a member of the American Musicological Society and the Music Critics Association of North America. She continues as a member of the string section of various community orchestras in Toronto.

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.