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Déjà annoncé à la fin du siècle dernier, le déclin des supports physiques au profit des plateformes de diffusion numériques entraîne un changement profond des habitudes de consommation de la musique. L’accessibilité accrue d’un catalogue d’œuvres quasi illimité transforme les contextes d’écoute et les moyens par lesquels on découvre la musique. Cela dit, les critères sont loin d’être partagés par l’ensemble des auditeurs, engendrant inévitablement des besoins différents, tant au chapitre de l’offre que de la diffusion. C’est précisément sur ce point que les amateurs de musique classique ont été laissés pour compte lors du virage numérique de l’industrie de la musique. Fort heureusement, le vent tourne et le marché de la diffusion en continu (streaming) voit ces dernières années arriver des services entièrement conçus pour la musique classique.
Les suspects habituels
Si la création en 1997 du lecteur multimédia RealPlayer jette les bases du concept, c’est à MySpace que revient le mérite six ans plus tard d’avoir véritablement popularisé la diffusion en continu. Davantage identifié comme un réseau social pour musiciens, MySpace remporte un franc succès à son arrivée, car il offre aux créateurs, de manière similaire à SoundCloud quelques années plus tard, les moyens de publier et diffuser librement leur musique sans passer par les maisons de disques. Il faudra cependant attendre 2007 pour voir arriver la première véritable plateforme musicale de diffusion en continu : la compagnie française Deezer propose rapidement à ses utilisateurs un catalogue de plusieurs millions de titres et contribue à asseoir progressivement la suprématie de la diffusion en continu au détriment des supports physiques tels que le CD.
En 2019, le marché est dominé par les géants français Deezer, américain Apple Music et suédois Spotify. Très similaires, ces plateformes offrent à leurs utilisateurs l’accès à des catalogues de plusieurs dizaines de millions de chansons à partir de différents appareils (ordinateur, téléphone et tablette). Offert gratuitement avec publicité et fonctionnalités limitées ou en forfait payant, Spotify s’impose néanmoins comme le plus populaire des trois avec ses 240 millions d’utilisateurs actifs. Si les catalogues de Spotify et d’Apple Music comptent bon nombre d’enregistrements de musique classique, les fichiers audio proposés demeurent de basse qualité, surtout pour une clientèle habituellement friande de son haute fidélité. De 96 kb/s à 320 kb/s, le taux d’échantillonnage est nettement inférieur au standard dit audiophile des fichiers FLAC sans perte offerts par Deezer et certains de ses concurrents, comme Tidal. Autre problème majeur pour les amateurs de musique classique : la recherche et le tri des morceaux. Les plateformes de diffusion en continu n’offrent généralement que trois critères de recherche, soient le titre, l’artiste et l’album. Bien que suffisants pour une chanson populaire, ces critères s’avèrent bien insuffisants dans le cas d’œuvres classiques. Il est alors impossible de cibler un mouvement, un interprète, un orchestre ou même un chef en particulier sans noyer les résultats de recherche. Fort heureusement, on retrouve des solutions spécialement conçues pour répondre aux besoins des auditeurs et qui respectent les critères de catalogages propres à la musique classique.
Les services spécialisés
Fondée en 2015, la plateforme allemande IDAGIO se targue d’offrir les meilleurs outils de recherche, une qualité sonore supérieure et un catalogue constitué d’enregistrements appartenant aux plus prestigieuses étiquettes de musique classique. Les utilisateurs ont donc accès à partir de leur téléphone à l’entièreté du catalogue Deutsche Grammophon, Sony Classical, Decca, Philips, Warner Classics, Erato, ECM et Harmonia Mundi, pouvant être écouté en haute fidélité au moyen de fichiers FLAC sans perte. À l’instar des plateformes grand public, des algorithmes proposent des suggestions d’écoute basées sur les habitudes des auditeurs. Étonnamment, le tarif mensuel d’abonnement demeure sensiblement similaire à celui de Spotify, soit environ une dizaine de dollars par mois. La compagnie américano-néerlandaise Primephonic offre un service comparable à
IDAGIO pour un prix similaire, en plus d’offrir une grande variété de types de listes d’écoute. Le catalogue d’enregistrements est quant à lui sensiblement plus restreint, car il n’est constitué que des enregistrements signés Sony Classical.
La discothèque numérique Naxos offre quand à elle un tout autre type d’expérience. Plus tournée vers les milieux académiques et professionnels que ses rivales, Naxos propose plus de deux millions d’enregistrements signés Naxos Records, mais aussi les catalogues de plusieurs étiquettes indépendantes, dont Bis, Chandos et Hänssler. Bien que la musique classique représente l’essentiel du catalogue de la plateforme, elle ne s’y limite pas pour autant : on y retrouve également du jazz, des musiques du monde et même du rock’n’roll, le tout accompagné de textes exhaustifs, de biographies, de livrets d’opéra et autres documents essentiels. Pour ceux qui souhaitent regarder la musique, la chaîne Mezzo.tv offre une programmation impressionnante de concerts de musique classique, d’opéra et de jazz, le tout étant retransmis en direct et en haute définition des plus grandes salles de concert du monde. Disponible sur abonnement via un service de câblodistribution, Mezzo.tv n’est pas un service de diffusion en continu à proprement parler, mais il n’en demeure pas moins une plateforme intéressante pour tout aficionado de musique classique.
Si les options sont encore peu nombreuses, une offre spécialisée se constitue peu à peu, prouvant ainsi aux sceptiques que même au sein d’une industrie musicale régie par des impératifs commerciaux, la musique classique peut trouver son public. Encore faut-il que soient développées des ressources qui le lui permettent.
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