La Nef : Montréal la magnifique

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Si peu de traces des années folles de Montréal subsistent, la métropole était autrefois reconnue comme une oasis de plaisir et de transgression où cabarets, jeux illégaux et prostitution attiraient des foules en quête de spectacles audacieux et de soirées clandestines. Ce bouillonnement culturel et social a façonné l’imaginaire nocturne de la ville, une époque que La Nef entend ressusciter avec son concert Montréal la magnifique. Présenté le 2 avril prochain sous la direction de l’auteur-compositeur-interprète et accordéoniste Steve Normandin, ce spectacle réunira les talents de Guillaume Bourque (clarinettes), Serge Lavoie (guitares), Clinton Ryder (contrebasse) et Catherine Meunier (percussions).

« Sin City » du Nord

À l’aube de la grande dépression, Montréal s’impose comme un havre de tolérance, contrastant avec les rigueurs de la prohibition sévissant aux États-Unis. L’arrivée de nouvelles populations immigrantes dans la métropole diversifie le paysage culturel, alors que la démocratisation de la musique, portée par l’essor du disque et de la radio, alimente une effervescence culturelle sans précédent. Cabarets et speakeasies vibrent alors au rythme d’une vie nocturne trépidante, malgré les clivages sociaux et économiques omniprésents qui attisent le désir d’évasion par l’alcool et la musique, rassemblant les foules dans une quête commune d’oubli et de plaisir.

Photo of Steve Normandin sitting and  holding an accordion against a white backdrop.

Steve Normandin. Photo: Dominic Bérubé

Carte Blanche à Steve Normandin

Steve Normandin signe ici sa troisième collaboration avec La Nef, poursuivant un périple musical qui l’a déjà conduit dans l’univers des chants de matelots et des mélodies siciliennes. Cette fois, l’accordéoniste et chanteur s’est vu offrir carte blanche par la Nef pour concevoir un programme couvrant tant de grands classiques populaires américains tels que Ain’t Misbehavin’ ou Blue Skies d’Irving Berlin que des œuvres québécoises comme La bouteille de rhum d’Eugène Desmarteaux et Les Américains de La Bolduc. À ce répertoire s’ajoutent des morceaux emblématiques tels que Oh! Gee! Oh Gosh! Oh Golly, I’m in Love d’Eddie Cantor, Dancing with Tears in My Eyes et Prohibition Blues d’Al Bernard, une figure marquante de la Tin Pan Alley. Le programme explore également des classiques de Fats Waller et Cole Porter, dont les chansons pleines d’esprit sont aujourd’hui des standards de jazz intemporels.

Les instruments emblématiques des années 1920-1930, comme l’accordéon, le xylophone ou la clarinette basse côtoient la guitare hawaïenne, apportant des teintes exotiques. À travers des arrangements élégants, parfois modernisés, Montréal la magnifique nous renvoie à une époque où se croisent art populaire et aspirations classiques, faisant revivre une idylle où musique et espoir servaient d’antidotes aux défis du quotidien. Normandin salue par ailleurs l’ouverture de Claire Gignac (directrice artistique et générale de La Nef) qui lui permet d’explorer en toute liberté un répertoire musical aussi riche que vivant. Enthousiaste, il se régale de cette occasion unique de faire revivre des chansons intemporelles qui résonnent encore avec autant de fraîcheur que de pertinence.

La Nef présente Montréal la magnifique à la Maison de la culture Maisonneuve, 2 avril, 19 h 30. www.la-nef.com 

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A propos de l'auteur

Arnaud G. Veydarier est actuellement étudiant en musicologie à l’Université de Montréal et nourrit un intérêt prononcé pour le jazz, la musique contemporaine et les liens entre musique et développement urbain. Il est pigiste pour La Scena Musicale depuis septembre 2017.

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