La Chapelle de Québec : Au sommet avec le Gloria de Vivaldi

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La Chapelle de Québec est l’un des joyaux de la musique classique au Canada. Le chœur se joindra aux Violons du Roy pour présenter le Gloria de Vivaldi, Jepthe de Carissimi et Jesu, meines Lebens Leben de Buxtehude.

« À première vue, l’ensemble du programme peut sembler disparate, mais en fait, l’idée était de mettre de l’avant La Chapelle », explique le directeur musical Bernard Labadie, qui dirigera les concerts le 11 et 12 avril à Québec et le 13 avril à Montréal. Le répertoire retenu pour ces concerts est un festin pour le chœur, comprenant des moments de contrepoint complexe, de contrastes intenses, d’énergie soudaine et de retenue saisissante.

Pour illustrer les talents de l’ensemble primé, tous les solos seront chantés par des membres du chœur. Si le fait est inusité pour La Chapelle, il est cohérent, puisque plusieurs de ses choristes mènent également des carrières comme solistes. « Certains ne chantent pas dans d’autres chœurs, dit Labadie. Ils viennent à La Chapelle parce qu’elle est différente. Ils n’ont pas l’impression de chanter dans un chœur, mais de faire partie d’une expérience singulière. »

Ces sentiments sont partagés par la soprano Marie Magistry, qui chante avec le chœur depuis 15 ans et qui sera soliste dans le Gloria et dans Jepthe. « Nous sommes toujours traités avec beaucoup d’égards, dit-elle, comme les musiciens expérimentés que nous sommes. Nous nous sentons appréciés par la direction et l’administration, ce qui nous amène à toujours vouloir donner notre meilleur à La Chapelle. »

Labadie a fondé le chœur en 1985 dans l’esprit de ce qu’il décrit comme le modèle européen. « Il n’y a pas beaucoup de chœurs de cette nature en Amérique du Nord, dit-il. La Chapelle est un rare exemple de chœur véritablement pancanadien. La plupart de nos gens viennent du Québec, mais nous avons un bon contingent de l’Ontario et nous avons maintenant des membres qui vivent ailleurs et qui nous reviennent. C’est un chœur qui n’existe que pour un certain nombre de semaines par année. »

Comme elle compte un effectif aussi dispersé, la gestion du temps est donc cruciale lorsque La Chapelle prépare des concerts comme celui-ci. Habituellement, les programmes sont répétés seulement deux ou trois jours avant les concerts. C’est un travail très intense, très centré, dit Labadie. C’est un chœur qui fonctionne en fait comme un orchestre. » Heureusement, il a choisi lui-même les chanteurs selon leurs habiletés et il connaît bien chacune de leurs voix. « Très souvent, en répétition, je déplace légèrement les chanteurs pour changer la couleur ou le mélange de l’ensemble. J’interviens à ce niveau individuel en répétition pour obtenir le son que je veux. Je suis très directif. »

Labadie aura une vision claire du son qu’il désire dans ces concerts, puisque les œuvres de Buxtehude et Carissimi sont parmi ses morceaux préférés. Moins connu peut-être de ceux qui ne sont pas amateurs du répertoire baroque, Jepthe de Carissimi occupe pourtant une place cruciale dans l’histoire de la musique vocale, étant l’un des exemples d’oratorio existants les plus anciens et les plus admirables. Écrit en 1650, il illustre toute la fluidité des débuts de la période baroque et renferme énormément d’action dramatique au fil de ses 24 prestes morceaux.

« [Jepthe] est un défi que je songe à proposer au chœur depuis longtemps », dit Labadie. Magistry explique l’une des exigences uniques de l’œuvre, souvent écrite en harmonie complexe à six voix : « Il faut pouvoir s’avancer comme soliste quelques secondes après avoir chanté une fugue compliquée, ce qui demande beaucoup de concentration. » Ce travail ardu est récompensé dans l’exquise conclusion de l’oratorio, Plorate filii Israel. « Le chœur final est l’un des grands chefs-d’œuvre de l’écriture chorale du 17e siècle », dit Labadie. Magistry le décrit comme étant « extrêmement émouvant et dramatique », ajoutant que « tout le monde sera en larmes, c’est sûr ».

Labadie sent aussi une affinité particulière avec les œuvres de Dietrich Buxtehude, notant que le compositeur danois a grandement servi d’inspiration à J. S. Bach. En fait, Bach a fait en 1705 un voyage de 400 kilomètres – à pied – d’Arnstadt à Lübeck pour rencontrer le maître qu’il admirait tant. « Pour moi, tout lien avec Bach est toujours un cadeau », lance Labadie. Il n’a que des éloges pour la cantate de Buxtehude qui figure au programme, à laquelle Bach a emprunté l’ouverture de sa quatrième cantate, la qualifiant de composition de « beauté transcendante ».

Le programme se terminera par le toujours populaire Gloria de Vivaldi, un rayon de soleil pascal faisant contraste avec la gravité de la musique de l’avent de Carissimi et Buxtehude. Comparé à l’atmosphère et au défi technique des autres œuvres au programme, dit Labadie, le Gloria est du bonbon pour La Chapelle. L’œuvre conserve toute sa fraîcheur après plus de trois siècles.

Depuis qu’il a quitté la direction musicale des Violons du Roy en 2014, les occasions pour Labadie de diriger des concerts réunissant Les Violons et La Chapelle ont été limitées. Un calendrier de direction chargé à l’international ainsi que son rôle de chef principal de l’Orchestra of St. Luke’s à New York le tiennent souvent à l’extérieur du Québec. Ce qui signifie que, lorsqu’il se retrouve sur le podium devant ces deux institutions parmi les plus réputées de la musique classique canadienne et qu’il a toutes deux fondées, « il se sent toujours comme [s’il] revenait chez lui ».

Les Violons du Roy et La Chapelle du Québec, Le Gloria de Vivaldi, 11 et 12 avril (Québec), 13 avril (Montréal). www.violonsduroy.com

Playlist

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