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par Mélissa Brien et Dino Spaziani
On entend parler de ces super-mamans qui traversent le quotidien de manière exceptionnelle, jumelant vie familiale et vie professionnelle avec aisance. La soprano italo-canadienne Giorgia Fumanti est la preuve vivante que cette espèce rare existe bel et bien. Mère de quatre enfants, mais aussi star de classique hybride, elle a choisi le Canada comme base pour l’expression de son art.
INITIATION À LA MUSIQUE
Très jeune, Giorgia Fumanti est bercée par la musique dans sa famille en Italie. Elle débutera toutefois son parcours musical à 16 ans à travers le chant choral où elle se découvrira une aptitude naturelle pour le chant.
« Je crois sincèrement que la musique m’a sauvé la vie dès ma tendre enfance. Je suis née en Toscane, dans le village de Fivizzano. Ma grand-mère chantait dans des mariages. Ayant vécu deux guerres, la musique lui a permis d’échapper à toute cette souffrance. Jeune, la maladie m’a frappé. Elle venait me voir à l’hôpital et, en chantant, réussissait à m’endormir. Je crois qu’elle a contribué à ma guérison. Mon père tenait un commerce de haut-parleurs. Il y avait une salle d’écoute où on entendait constamment Barbra Streisand, que j’aime beaucoup. »
« Plus tard, vers l’âge de 16 ans, j’ai chanté dans la chorale de l’église. J’ai découvert cette voix naturelle de soprano. Le directeur de la chorale m’a laissé la liberté de suivre ma nature. J’ai été capable d’écouter La Vergine degli Angeli de Verdi et de la refaire seule, a capella. On m’a demandé comment j’arrivais à faire ça et j’ai répondu “mais je ne sais pas”. »
Jeune adulte, elle décide de poursuivre des études en chant, après avoir choisi auparavant un parcours plus traditionnel sur les conseils de sa famille. Sa rencontre en 2002 avec le producteur Maurice Velenosi sera déterminante dans la suite de sa carrière et de sa vie personnelle.
« Mes parents doutaient que je puisse arriver à en faire une véritable profession. J’ai donc étudié le droit à l’université à Parme, là où il y a le Conservatorio di Musica Arrigo Boito, un des conservatoires les plus anciens d’Italie et de grande renommée. J’y ai passé les examens et j’ai été admise. Un rêve se réalisait, un gros cadeau de la vie, mais j’aurais à travailler fort. »
« Le grand saut dans le métier, c’est ma rencontre avec mon gérant qui est aujourd’hui mon mari, Maurice Velenosi. Je l’ai rencontré en Italie. Il a entendu un démo que j’avais fait pour Zucchero, celui qui a fait les arrangements de Miserere pour Andrea Bocelli. C’est une pièce phare dans le monde du cross-over. »
CANADIENNE D’ADOPTION
« Je n’aurais jamais pensé venir habiter au Canada. En Italie, laisser la famille, ça ne se fait pas. En même temps, je savais qu’il y avait quelque chose à faire avec cette voix que j’avais découverte. […] À l’arrivée de mon premier enfant, j’ai choisi le Canada. Nous parcourrions le monde, mais c’est au Québec que je voulais accoucher. J’ai pensé à l’Asie, mais l’appel de la région des Laurentides a été plus fort », dit celle qui habite maintenant Saint-Sauveur.
Malgré son amour du Québec, son chemin pour trouver sa place comme immigrante, mais aussi comme artiste québécoise aux yeux du public, sera plus long et ardu qu’elle ne l’imaginait.
« Ça m’a pris des années à me sentir vraiment d’ici. Mon public est très francophone et je sens qu’il me respecte. Il sait que j’ai beaucoup de respect pour le Québec et le français, tout en sachant que j’ai autant d’ouverture pour le monde. C’est toute une expérience, être immigrée, parfois je me sens comme mise de côté. Je sais que le public va au-delà de tout ça, le cœur va au-delà de tout ça. »
ENTRE CLASSIQUE ET POP
Il est tentant d’étiqueter Giorgia Fumanti comme une artiste classique, d’opéra ou pop, mais la réalité est que sa musique incorpore tous ces styles dans une combinaison qui lui est propre. Son talent pour rendre uniques les chansons qu’elle choisit d’interpréter en fait l’une des artistes les plus en vue dans le monde de la musique classique hybride et l’a amenée à chanter sur les cinq continents. De Verdi à Sting, de Ravel à Cohen, en passant par Brel, Morricone, Streisand et Ferland, son répertoire éclaté est choisi avec soin par la soprano elle-même.
« La musique de film m’attire. […] J’aime chanter Il était une fois dans l’ouest. La voix de soprano est sublime avec ses basses et ses envolées très hautes, j’adore. En plus de Morricone, j’ai chanté du Vangelis et du John Williams. Cette musique universelle m’a permis de chanter partout dans le monde et de collaborer avec des artistes comme Lang Lang en Chine et aux États-Unis, John McDermott au Canada, ou encore José Carreras. Avec ce dernier, j’ai chanté en Corée, à Hong Kong, au Japon, à Taïwan. J’ai toute la liberté de choisir des chansons de comédies musicales, de films, de dessins animés de Disney qui sont très belles. Avec Carreras, nous faisions Libiamo de La Traviata. Mais mon style c’est vraiment la pop opéra, le cross-over. »
Malgré sa voix de soprano et son talent d’interprète, Giorgia Fumanti n’a jamais tenté sa chance dans le milieu de l’opéra. Elle préfère rester libre de chanter à sa façon, avoir une marge de manœuvre sur scène et mélanger les styles avec doigté comme elle le fait si bien.
« Les rôles d’opéra me font un peu peur. On doit se donner totalement à un personnage et je suis plutôt sauvage, dans le sens de rebelle. J’ai besoin de suivre l’émotion du moment. J’ai besoin de relaxer ma tête, de suivre mon instinct. L’opéra, c’est tout autre chose. J’ai eu peur d’être coincée dans quelques rôles et de devoir les interpréter tout au long de ma carrière. La scène me transforme et pour moi c’est une pause de l’habituel. Mon moyen d’évasion, c’est la scène. »
Particulièrement populaire en Asie, elle y a découvert un public ouvert à son style hybride et un répertoire traditionnel qui sied bien à son chant tout en douceur. En 2009, elle y chante en duo avec le populaire baryton chinois Liao Changyong avec qui elle interprète la chanson thème de l’expo universelle de Shanghai. Sa tournée en Chine en 2017, The Travel of Sound, lui a permis notamment de se produire à l’Opéra de Guangzhou.
« Le pop opéra est un style qui me permet de travailler dans toutes sortes de situations. […] J’ai eu la chance de faire plusieurs tournées et beaucoup de télé [en Chine]. Lors de ces émissions, il y a des cotes d’écoute de plus de cent millions de personnes, c’est impressionnant. J’ai appris à chanter des chansons traditionnelles, anciennes, en chinois et en tibétain. Je trouvais qu’il y avait des similitudes entre ces styles et ce que j’ai l’habitude de faire. Si j’avais eu une carrière de soprano dans quelques rôles d’opéra, avec un, deux ou trois personnages, je doute que ça m’aurait permis de parcourir l’Asie, l’Afrique ou la Russie », explique-t-elle, tout en espérant pouvoir retourner se produire en Chine dès la levée des mesures sanitaires qui y sont toujours en cours.
RÉPERTOIRE FRANCOPHONE
À son arrivée au Québec, Giorgia Fumanti est charmée par Montréal. La métropole francophone la fascine par son ouverture sur le monde et sa diversité : « Je suis tombée amoureuse de cette multiculture tout en ayant l’impression d’être en France à plusieurs endroits. J’aimais aussi ces petits quartiers, indiens, asiatiques, italiens, portugais, grecs, etc. Le monde entier dans une ville ! »
Elle fait donc tout ce qu’elle peut pour apprendre le français « même s’il ne sera jamais parfait. Mes enfants sont à l’école française et ils m’en apprennent, me corrigent et se moquent de mes erreurs et de mon accent. » Reste qu’elle maîtrise assez bien la langue de Molière pour se construire un répertoire francophone et elle a enregistré en 2018 l’album Amour, ou elle interprète des œuvres incontournables de la chanson pop québécoise et française.
« J’ai eu de la réticence à le faire. Je lis et je comprends les textes, mais souvent je ne me rends même pas compte de mon accent et de mes erreurs. Je ne veux pas massacrer ces textes tellement recherchés et songés. Et ce n’est pas facile pour moi dans les hautes notes de bien prononcer. »
Son amour pour sa terre d’adoption s’est de nouveau fait entendre sur l’album Aimons-nous paru en 2019 ou elle interprète entre autres une version émouvante d’Un peu plus haut de Jean-Pierre Ferland. « Je me suis intéressée à l’interprétation de musiques populaires québécoises comme Un peu plus haut, L’essentiel, Si Dieu existe, Aimons-nous. De beaux textes inspirants qui me permettent de m’envoler avec ma voix, c’est un besoin fondamental, ces hautes envolées lyriques. »
VIDÉO: Cinema Paradiso
Fourni à YouTube par Universal Music Group, From my Heart, version 01-01-2006.
Compositeur: Ennio Morricone
Compositeur Parolier : Alessio De Sensi
Compositeur Parolier : Andrea Morricone
VIDÉO: Dawn of a new century
Album « Mystique” – www.giorgiafumanti.com
2022 Velenosi Divertissement
Réalisé par Stefano Galante / www.stevegalante.com
Voix narratrice / Victor Rani Stetie
Assistante vidéo / Barbara D’Angeli
Lors de sa rencontre avec Morricone, il lui avait dit que sa voix était pour s’embellir avec l’âge.
Giorgia Fumanti chantera du 3 au 17 décembre les grands classiques de Noël à sa façon lors de la série de concerts Magie de Noël.
- 3 décembre, Domaine Roman, Berthierville, 514-296-8538. www.domaineroman.com
- 11 décembre, Mont-Tremblant avec Alexandre Da Costa et l’Orchestre symphonique de Longueuil www.lepointdevente.com
- 17 décembre, Saint-Sauveur avec la Chorale de l’Académie Lafontaine, 450-227-2423
- 18 décembre – Trois-Rivières, Notre Dame du Cap – Concert Gratuit
- Elle sera également sur scène du 26 au 31 décembre dans le cadre du concert Parapapam avec Alexandre Da Costa, Roch Voisine, Guylaine Tanguay, Vladimir Korneev, Mattenzo Da Costa, l’Orchestre symphonique de Longueuil et Les Petits Chanteurs du Mont-Royal sous la direction de Frederic Vogel à la Maison symphonique. www.placedesarts.com
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