Critique de concert | La mise en scène du Petit Prince de l’OM produit des résultats mitigés

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La magie du Petit Prince, l’histoire classique pour enfants d’Antoine de Saint-Exupéry, peut être largement attribuée à la nature synesthésique de l’œuvre elle-même. L’interrelation entre l’art visuel et l’art narratif est au cœur de cette histoire : lorsqu’un pilote échoué dans le désert du Sahara rencontre un petit prince, celui-ci lui demande de dessiner un mouton qui mangera les baobabs de sa planète.

Le 17 novembre, l’adaptation du Petit Prince par l’Orchestre Métropolitain pour acteurs et orchestre a cherché à ajouter un autre élément artistique à cette œuvre synesthésique : la musique. Il s’agit d’un projet très ambitieux. D’une part, l’histoire écrite, avec ses éléments visuels et narratifs qui se chevauchent, devait être mise en scène. D’autre part, ses qualités multisensorielles étaient encore intensifiées par l’ajout de la musique.

Widemir Normil (le pilote). Photo: Denis Roberge

Ce que vous avez manqué :

La plupart des aspects performatifs – le jeu des acteurs, la mise en scène et la performance musicale – ont été très bien réalisés. Chaque acteur a superbement porté le texte, qui était presque entièrement tiré de l’œuvre originale. Les interactions des acteurs avec le public étaient particulièrement agréables pour les enfants. L’entrée en scène chancelante de l’ivrogne, qui s’adresse à la première rangée d’une manière semi-improvisée, était particulièrement hilarante.

Les costumes et le décor, bien que modestes, étaient très efficaces. Comme le texte, les dessins sur scène étaient directement tirés du livre de Saint-Exupéry, dont la narration et les illustrations sont d’une merveilleuse simplicité enfantine. La mise en scène de Frédéric Bélanger n’a pas seulement préservé l’admirable candeur de l’œuvre de Saint-Exupéry, mais l’a animée. Plutôt qu’avec des éclairages tape-à-l’œil ou une gestuelle grandiose des acteurs, ce résultat fut atteint grâce à une palette visuelle authentique et une utilisation dynamique de l’emplacement des acteurs sur scène – du haut du balcon jusqu’au milieu de l’orchestre.

La composition d’Éric Champagne présente plusieurs points forts : l’orchestration est bien conçue et les mélodies célestes, proches de celles de Holst, traduisent bien le thème spatial de l’œuvre. Les moments les plus marquants ont été l’entrée du serpent sur le son des maracas et les rafales de vent imitées par les bois et les percussions.

Orchestre Métropolitain sous la direction de Thomas Le Duc-Moreau. Photo: Denis Roberge

Ce qui laissait à désirer :

Contrairement aux éléments visuels de la production, la musique n’a guère contribué à faire avancer le récit. Il semble que Champagne ait voulu que sa musique joue un rôle essentiellement descriptif.

En général, les numéros musicaux manquaient d’accroches que le public pouvait systématiquement associer à des éléments de la narration. Il n’y avait pas grand-chose de mémorable dans cette musique, et elle rappelait généralement une bande sonore de film ordinaire. Il y avait également peu d’interactions entre les acteurs et la musique elle-même. Comme la musique n’avait pas d’objectif précis, je me suis demandé tout au long du spectacle si l’orchestre était vraiment nécessaire.

J’ai été rassurée d’apprendre qu’à l’origine, Champagne n’avait pas composé cette œuvre pour orchestre, mais pour quintette à vent. Lors de sa création en Suisse par l’Ensemble Zeferino, l’œuvre a été interprétée par des acteurs musiciens. Il y avait un chevauchement beaucoup plus important entre le texte lui-même et la musique qui l’accompagnait.

Un orchestre complet est captivant, surtout pour un jeune enfant. Mais grandeur et beauté ne sont pas synonymes de bon choix artistique. Un ensemble musical plus petit semble plus adapté à une œuvre dans laquelle la musique joue un rôle mineur.

Le spectacle a également souffert de nombreuses difficultés techniques liées à l’éclairage. Ajoutez à cela les problèmes musicaux et ce Petit Prince a servi d’exemple que la valeur artistique n’est pas nécessairement renforcée – et peut même être entravée – par une production grandiose et tape-à-l’œil.

Les prochaines représentations de l’Orchestre Métropolitain comprennent Éternel Orlando à la fin novembre et Des airs de fête au début décembre. www.orchestremetropolitain.com

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A propos de l'auteur

Heather Weinreb is a writer and violin teacher from Montreal, Quebec. She completed a Bachelor of Music at McGill in 2018, where she minored in Baroque Performance. Most recently, she completed an MFA in Creative Writing at the University of Saint Thomas, Houston. Aside from her music reviews and journalism with La Scena Musicale, Heather's essays and children's poems have been published in Dappled Things and The Dirigible Ballon.

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