Salle Bourgie : Un foyer pour la musique ancienne au Canada

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Les fondateurs de la salle Bourgie – Bernard Lamarre, ancien président du Musée des beaux-arts de Montréal, et Pierre Bourgie, bienfaiteur et collectionneur d’art québécois – ont eu l’idée novatrice d’une salle de concert dans un musée au début des années 1990. Depuis son inauguration en septembre 2011, la salle Bourgie est devenue un lieu d’accueil pour la musique ancienne au Canada, tant en ce qui a trait à l’espace lui-même que pour sa programmation artistique.

Espace, son et instruments

En 2008, le Musée des beaux-arts de Montréal a pris possession de l’Erskine and American United Church, située de l’autre côté de la rue. « À l’époque, Montréal avait besoin d’une salle pour la musique baroque ainsi que pour les récitals et la musique de chambre », explique Olivier Godin, directeur artistique de la salle Bourgie. La plupart des salles étaient soit trop grandes, soit trop petites. La salle Bourgie avait la taille idéale pour assurer l’intimité, mais aussi une excellente acoustique.

Pierre Bourgie a financé la construction de la salle, dotée d’une acoustique de pointe, à l’intérieur de l’église. La salle est reliée au pavillon Claire et Marc Bourgie d’art québécois et canadien, qui est lui-même relié par un tunnel souterrain au MBAM situé de l’autre côté de la rue.

L’ancienne directrice artistique Isolde Lagacé est responsable de la collection d’instruments historiques de la salle. Au cours de sa première année à la direction artistique, elle a acquis deux clavecins et deux orgues de chambre, puis un clavicythérium (clavecin monté verticalement), un piano Érard (représentatif du piano romantique utilisé par Schumann et Liszt) et, plus récemment, un pianoforte semblable à celui qu’auraient utilisé Beethoven et Schubert.

« Comme nous sommes dans un musée, nous devons documenter toutes les interprétations historiques », explique Godin. Ces claviers sont non seulement de magnifiques objets historiques, mais ils permettent également au public d’entendre le répertoire des 17e, 18e et 19e siècles sur les instruments pour lesquels ils ont été composés.

Ensemble Jupiter dirigé par le luthiste Thomas Dunfort,
avec Léa Desandre, salle Bourgie, 15 mars 2023. Photo : Claudine Jacques.

L’écosystème de la musique ancienne 

« La musique ancienne fait partie de l’ADN de la salle depuis le début, explique Godin, la première directrice artistique et générale, Isolde Lagacé, étant issue d’une famille de musiciens baroques très réputée. »

En effet, la famille Lagacé est une sorte de dynastie de la musique ancienne. Son père, Bernard Lagacé, est un organiste réputé; sa mère, Mireille, est une claveciniste renommée. La sœur d’Isolde, Geneviève, est membre fondatrice de l’ensemble baroque montréalais Les Idées heureuses.

La famille Lagacé donnait des concerts à l’église Erskine and American bien avant qu’elle devienne une salle de concert. « Il y avait déjà beaucoup de musique baroque à l’église dans les années 1950 et 1960, il était donc tout à fait naturel de continuer avec ce répertoire. »

Pendant son mandat de directrice artistique, Isolde Lagacé a supervisé l’interprétation de l’ensemble des 200 cantates sacrées de J. S. Bach. Le projet, auquel ont participé des ensembles baroques du monde entier, a été réalisé entre 2014 et 2023. Comme Bach a écrit chaque cantate pour un dimanche particulier du calendrier liturgique, Lagacé a veillé à ce que toutes les cantates soient interprétées le bon dimanche de l’année.

Ce projet, le premier du genre au Canada, est emblématique de l’engagement profond de la salle Bourgie en faveur de la musique ancienne. Godin explique que tous les orchestres baroques de la région, y compris Arion, le Studio de musique ancienne de Montréal, Les Idées heureuses et Les Violons du Roy de Québec, donnent au moins un concert à la salle Bourgie chaque année.

Hank Knox, fondateur d’Arion et claveciniste local, se souvient de ce qu’était la scène montréalaise avant l’ouverture de la salle. Son ensemble, explique-t-il, a donné des concerts dans d’autres lieux, mais il était souvent limité par l’absence d’ouvreurs ou de guichets ou par un éclairage de scène inadéquat. Ou parfois, les salles étaient trop grandes. « L’ouverture de la salle Bourgie a changé la donne pour nous, et nous avons été parmi les premiers groupes à y organiser notre série », explique-t-il.

La musique pour l’esprit

Godin estime que la musique ancienne continue d’attirer le public parce qu’elle répond à un besoin profond du cœur humain : « Une grande partie de la musique baroque décrit la foi et la beauté dont beaucoup de gens ont besoin de nos jours. Pour moi, écouter de la musique baroque est un moyen de guérir et d’apporter la paix à l’âme. » 

Traduction: Andréanne Venne

Cette saison, la salle Bourgie propose une grande variété de concerts de musique ancienne, allant des Talens lyriques dans de la musique française des 17e et 18e siècles, le 20 novembre, au programme anglais, français et italien des Violons du Roy, le 16 mai. Tous les détails sur https://www.mbam.qc.ca/fr/salle-bourgie/ 

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A propos de l'auteur

Heather Weinreb is a writer and violin teacher from Montreal, Quebec. She completed a Bachelor of Music at McGill in 2018, where she minored in Baroque Performance. Most recently, she completed an MFA in Creative Writing at the University of Saint Thomas, Houston. Aside from her music reviews and journalism with La Scena Musicale, Heather's essays and children's poems have been published in Dappled Things and The Dirigible Ballon.

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