Critique | Caravage, une vision conservatrice d’un artiste iconoclaste

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Il existe un paradoxe douloureux au cœur de l’art du Caravage. En cherchant à apporter du réalisme au sacré, il a capturé la beauté inattendue d’un monde de mendiants, de prostituées et de la lumière et de l’ombre des quartiers pauvres. Il a ainsi élevé le sacré de manière plus exquise que presque tous ceux qui l’ont précédé.

Ce dernier film du réalisateur italien Michele Placido, mieux connu pour le drame policier Romanzo Criminale (2005), bénéficie – et parfois souffre – du même paradoxe. Capturant somptueusement les fameux effets de clair-obscur, Caravage est un portrait franc, souvent brutal, recouvert d’une patine de bon goût.

Interprété par Riccardo Scamarcio (le vilain de John Wick 2), Caravage est un peintre de la Renaissance viril jouant la vedette, à la fois arrogant et sentimental. Le personnage secondaire de l’agent (Louis Garrel), employé par le pape, enquête pour savoir si le Caravage mérite d’être gracié après avoir tué un rival dans une bagarre. Cette méthode policière crée un portrait kaléidoscopique de l’artiste, à la manière de Citizen Kane. Il est vu à travers les yeux de ceux qui l’ont aimé, détesté ou côtoyé, au premier rang desquels sa puissante protectrice, Constanza Sforza Colonna (Isabelle Huppert).

L’agent est un peu comme le Salieri de Mozart du Caravage, un gardien austère des valeurs conservatrices déconcerté par le génie indiscipliné de sa proie. Pourtant, le film est empreint d’un certain conservatisme, notamment lorsqu’il minimise le statut du Caravage en tant qu’icône homosexuelle.

Le Caravaggio de Derek Jarman, en 1986, est, caractéristiquement, un film biographique beaucoup plus radical à tous les niveaux. Même si Placido joue la carte de la sécurité et de la surenchère, ce thriller historique joliment monté et souvent captivant constitue indéniablement une expérience sensuelle et immersive bouleversante.

Caravage prend l’affiche à Montréal  à partir du 8 décembre.
palacefilms.com

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