Critique | Bohème: lancement de l’album Hymnes à l’amour

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Le 19 juin dernier, le groupe Bohème présentait son album Hymnes à l’amour à la 5e salle de la Place des Arts. La réaction du public a été des plus enthousiastes, signe que ce premier essai discographique est promis à un beau succès. On imagine déjà d’autres salles de concerts remplies, comme ce fut le cas lors du lancement, et d’autres ovations pour ce quatuor d’artistes qui, depuis 2019, fait de la musique avec passion.

Le baryton Marc-Antoine D’Aragon a transporté les foules par sa voix solide et puissante. Sa maîtrise technique lui a permis de surmonter les difficultés et de chanter confortablement, dans un registre souvent aigu, un florilège de chansons françaises et de chansonniers québécois. L’intensité avec laquelle il a abordé ce répertoire était communicative. L’interprète aurait pu faire le choix de s’économiser et reposer davantage sur son micro, mais la réponse au parterre n’aurait certainement pas été la même.

Cela dit, musicalement, D’Aragon aurait eu tout intérêt à introduire plus doucement certaines chansons comme Le temps des cathédrales, avant d’offrir une fin héroïque comme il l’a fait. On sentait chez lui une attention particulière à l’articulation des mots, alors que le style de la plupart de ces chansons ne s’y prêtait pas forcément. Immortalisée par le souffle légendaire de Jacques Brel, Amsterdam fait partie de celles qui brillent sous l’effet de la dramatisation et du verbe haut. Elle a été admirablement interprétée par le chanteur du groupe. Le lyrisme de Sa jeunesse de Charles Aznavour convenait aussi parfaitement à la voix du baryton et a offert un autre beau moment

Denis Chabot, à la contrebasse, et Steven Massicotte, au piano, ont livré un accompagnement musical irréprochable, tant par la couleur et l’intention que par l’impulsion rythmique. La pièce End of journey, seule composition originale de la soirée que l’on devait au pianiste, a semblé emprunter à beaucoup de formules de la musique pop actuelle. On espère à l’avenir entendre plus de créations émanant du groupe et des arrangements plus « risqués » de chansons qui, rétrospectivement, ont été rendus avec beaucoup de respect, de déférence.

La violoniste Nadia Monczak, dans un rôle soliste de substitution, et ses deux partenaires instrumentistes ont joué la célèbre Csárdás de Vittorio Monti, au grand bonheur des auditeurs. En rappel, le groupe Bohème a offert Gens du pays, dont le refrain a été naturellement repris en chœur. Une façon de clore la soirée dans la proximité et la convivialité, deux qualités déjà évidentes de ce spectacle.

Bohème: Hymnes à l’amour. Album disponible sur toutes les plateformes de diffusion.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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