Critique CD | In the Shadows (Erato, 2024)

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In the Shadows
Michael Spyres, baryténor; Les Talens lyriques; Christophe Rousset, chef
Erato, mars 2024

Le projet derrière le nouvel album de Michael Spyres, In the Shadows, est original, tout comme l’ordre des morceaux choisis. Il met l’accent sur les œuvres de jeunesse de Wagner (Die Feen, Rienzi, Lohengrin), mais pas avant d’avoir exploré au préalable le paysage musical antérieur au compositeur et qui, pour l’essentiel, est resté dans l’ombre. Le titre de l’album prend alors tout son sens.

Michael Spyres s’exprime ici dans toutes les langues principales de l’art lyrique (français, allemand, italien) et dans tous les styles. Dès l’écoute de Vainement Pharaon de Méhul, on ressent une attention particulière à la diction française, semblable à de la dentelle. Dans Fidelio, le soliste se transforme en un chantre du romantisme à l’allemande et prend soudainement une plus grande épaisseur dramatique. Della cieca fortuna de Rossini, la pièce suivante, démontre encore une autre facette de M. Spyres, celle d’un véritable belcantiste à l’italienne. L’exécution de cet air méconnu relève du prodige, tant le ténor se joue sans effort apparent de la tessiture stratosphérique imposée par le compositeur. On peut en dire autant de l’air de Bellini, Me protegge, nécessitant une virtuosité à toute épreuve.

Parmi les influences plus directes au style wagnérien, mentionnons seulement les airs en allemand écrits par C. M. von Weber, Spontini, Marschner. Le sens du drame, empreint de passion, et l’ampleur de l’écriture, prolongeant sans cesse le souffle mélodique, sont communs aux trois et tracent certainement la voie jusqu’à Wagner. Vocalement, dans les passages forts comme dans les passages doux, Michael Spyres maîtrise son sujet à la perfection et avec une intensité débordante.

On ne saurait conclure cette critique sans parler de la prestation du grand orchestre dirigé par Christophe Rousset, très équilibré entre toutes ses sections pour offrir au chanteur le meilleur cadre acoustique possible.

Playlist

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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