Critique CD | Ricercari (Atma Classique, 2023)

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Ricercari
Cameron Crozman, violoncelle
ATMA Classique, 2023

Ricercar au singulier, ricercari au pluriel. Ce sont des pièces instrumentales solo principalement du début de la période baroque et d’un caractère semblable à celui des préludes, plus connus, pour violoncelle seul de Bach. Sur le récent album de Cameron Crozman, paru chez ATMA Classique, c’est à un autre compositeur que le violoncelliste rend hommage : Domenico Gabrielli (1651-1690), auteur de 7 ricercari durant l’année 1689. L’interprète les joue tous sans exception, mais choisit intelligemment de les ordonner différemment de sorte que l’écoute soit la plus agréable possible.

L’originalité du projet tient surtout du fait que plusieurs créations commandées par Crozman sont de compositeurs aux nationalités diverses (canadienne, française, colombienne, américaine). Ainsi, l’Ancien et le Nouveau communiquent dans un dialogue le plus souvent nourri et constructif. Bien que dissonante, la pièce Quasi Cadenza d’Alexina Louie s’articule très bien – et même harmonieusement – avec les troisième et cinquième ricerari. Idem pour Primary Colors de Nina C. Young. Chaque fois, on retrouve dans ces créations un caractère inspiré, introspectif, qui donne le sentiment d’être improvisée sur le vif et se marie parfaitement avec leurs lointaines cousines baroques. Fleet de Jordan Pal éclaire une autre facette du genre, à savoir la virtuosité de ces morceaux que l’on considère souvent de manière isolée comme des études. En revanche, Senderos de Daniel Alvarado Bonilla paraît trop entrecoupée de silences, avec un trop grand usage de cordes effleurées qui ne fait pas autant honneur à la verve de Gabrielli. Outre les œuvres de Benoît Sitzia et Kelly-Ann Murphy, mentionnons la musique composée par l’interprète lui-même, Falling Forward, et qui emprunte quelques traits au style baroque, notamment le choix de notes qui enflent et s’évanouissent. Un album ambitieux, audacieux, mais qui apporte néanmoins tout le réconfort nécessaire grâce au charme de cette musique qui a su traverser les âges.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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