Kerson Leong: Inspiration, équilibre et connexion

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Si vous visitez la page Facebook du violoniste canadien Kerson Leong, vous y trouverez une courte vidéo du Concerto pour violon n° 1 de Niccolò Paganini. On y voit clairement Leong en pleine pratique; il utilise deux sourdines sur son chevalet pour atténuer le son. Malgré un passage complexe de trilles, de doubles croches et d’arpèges – une véritable pyrotechnie sur toute la surface de jeu – Leong fait preuve de sang-froid, ses doigts, de solidité et d’assurance.

Pour reprendre ses propres termes, Kerson Leong s’est mis dans la peau de la « prima donna » en interprétant des œuvres du virtuose italien. Récemment, il a interprété I palpiti, les variations de Paganini sur le Di tanti palpiti de Tancredi de Rossini, avec la Camerata Ducale d’Italie en février, et le Concerto n° 1 avec l’Orchestre symphonique de Tucson en mars. Bien que les interprétations orchestrales de Paganini soient de nouveaux ajouts à son répertoire, il laisse entendre que d’autres sont à prévoir pour les saisons à venir.

« C’est comme une pause. C’est une œuvre tellement différente – une mentalité différente, décrit Leong. Quand on joue Paganini – je ne veux pas dire qu’il y a moins de sérieux, ou moins d’attention à l’architecture musicale que dans Brahms –, c’est plutôt qu’on embrasse une esthétique et un esprit très particuliers. »

Autrement dit : le plaisir est au rendez-vous. « On se laisse porter, dit Leong en souriant. C’est très rafraîchissant. »

En quête d’équilibre et d’inspiration

Bien qu’il soit actuellement « plongé dans un million de notes », Kerson Leong n’a pas eu besoin de pactiser avec le diable comme Paganini pour réussir son Concerto n° 1, et ce, malgré son calendrier de tournées très chargé et le tourbillon de répertoires différents qu’il a interprétés cette saison.

« Il faut toujours chercher l’équilibre. En ce qui me concerne, j’essaie de m’habituer à répéter intensivement sur de courtes périodes », explique celui qui dit condenser son temps d’exercice pour se concentrer sur les passages les plus rigoureux. Et le reste de la partition ? « Si on peut le faire dans sa tête, on peut le faire devant la partition. »

Parallèlement à sa pratique, Kerson Leong cultive des moments d’inspiration qu’il peut utiliser pour soutenir ses présentations d’œuvres exigeantes. Parfois, cela consiste à s’asseoir seul et à rêvasser.

« L’inspiration est la source de tout : la vision, l’imagination, explique-t-il. Il est de plus en plus important que je passe en mode basse consommation lorsque je ne répète pas ou simplement pour me vider la tête. »

En plus de la méditation, Kerson Leong trouve dans la lecture une formidable échappatoire. « La lecture a changé ma vie. Je me suis procuré un Kindle et cela a changé ma façon de fonctionner, dit-il en riant. J’ai découvert que j’aimais vraiment lire. » Ce n’est pas tant le genre qui compte que l’effet. « Fiction ou histoires auxquelles on s’identifie, j’aime tout ce qui suscite une réaction émotionnelle. »

Récemment initié aux écrits de l’auteur japonais Haruki Murakami, Kerson Leong a été particulièrement frappé par Kafka on the Shore (2002). « Une lecture étrange, mais très puissante. J’y pense toujours, même après avoir terminé le livre il y a un mois. L’atmosphère était vraiment particulière. »

« On y trouve également des références très spécifiques à la musique classique – que l’on ne peut reconnaître que si l’on est un fervent amateur de musique classique, explique-t-il. J’ai découvert qu’il était en fait très ami avec Seiji Ozawa. »

Un retour musical

Bien que Kerson Leong soit originaire d’Ottawa, musicalement il se sent chez lui à Montréal. « Plusieurs de mes expériences les plus mémorables se sont déroulées à Montréal ou dans les environs, déclare-t-il. J’ai une grande affection pour Montréal. »

Kerson Leong & OM

Choisi par Yannick Nézet-Séguin comme artiste en résidence de l’Orchestre Métropolitain en 2018-19, il revient dans les environs de Montréal en avril pour une série de cinq représentations du concerto de Tchaïkovski, quatre avec l’Orchestre Métropolitain et une avec l’Orchestre symphonique de Sherbrooke.

« La situation est agréable, car on peut profiter de cet élément spontané tous les soirs, sachant que nous avons travaillé ensemble sur cette vision, déclare Leong. Il est également intéressant que tous les concerts se déroulent dans des lieux différents. »

C’est avec plaisir qu’il retrouve l’OM, avec lequel sa relation remonte à au moins dix ans. « Chaque fois que je vois ces musiciens, j’ai l’impression de retrouver une vieille famille, déclare-t-il. L’OM, c’est vraiment comme rentrer à la maison. »

« En retrouvant un groupe de musiciens que l’on connaît bien, on se sent vraiment à l’aise. », explique-t-il. 

Considéré comme une pièce maîtresse du répertoire pour violon, le Concerto pour violon de Tchaïkovski n’en a pas moins, comme il le dit, « tant de légèreté, de danse et de lumière à transmettre ».

« Ce concerto est particulier parce que, dans l’esprit des violonistes, il est connu pour être difficile et demande de l’endurance, explique Kerson Leong, mais tout en présentant une certaine dichotomie. »

« Il est intéressant de penser que [Tchaïkovski] l’a composé à un moment difficile de sa vie, et pourtant la musique évoque un sentiment opposé, explique-t-il. On y trouve tant d’éléments pour faire ressortir la beauté, ou simplement pour plaire. »

« Il a également été très probablement inspiré par la Symphonie espagnole de Lalo. Là encore, c’est le genre d’œuvre qui ne se concentre pas tant sur la construction d’une structure musicale que sur la mise en valeur de la beauté esthétique, du caractère et des couleurs. »

Traduction par Mélissa Brien

Kersson Leong interprète le Concerto pour violon de Tchaïkovski avec l’Orchestre symphonique de Sherbrooke, le 15 avril, et avec l’Orchestre Métropolitain les 26, 27, 28 et 29 avril. www.ossherbrooke.com www.orchestremetropolitain.com

Il revient à Montréal pour le Festival de musique de chambre de Montréal les 6 et 8 juin en trio avec Bryan Cheng (violoncelle) et Stewart Goodyear (piano).
www.festivalmontreal.org

Un album des concertos pour violon de Bruch et Britten avec le London Philharmonia Orchestra sous la direction de Patrick Hahn sortira sur Alpha en mai.

Playlist

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A propos de l'auteur

Kiersten van Vliet was the Web Editor and an Editorial Assistant for La Scena Musicale from 2015–17.

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