Critique CD | David Potvin Catharsis (Leaf Music, 2024)

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90%

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Leaf Music
4.5
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4.9

Catharsis
David Potvin, piano
Leaf Music, 2024

David Potvin Catharsis

La catharsis peut être définie comme une libération – et un soulagement – d’une émotion profonde et refoulée. L’album éponyme de David Potvin honore cette signification en présentant avec émotion et vulnérabilité quatre œuvres sombres mais puissantes, toutes de compositeurs canadiens. Chaque œuvre faisait partie du programme de Potvin pour le concours Eckhardt-Grammaté 2022. Après avoir remporté le concours et présenté le même programme en tournée à travers le Canada, ces pièces sont devenues les préférées du public.

L’album s’ouvre sur A Growing Forgiveness de Cris Derksen. L’œuvre est une réponse artistique aux tensions de la pandémie de COVID-19. Potvin saisit avec justesse cette tension et ce relâchement, notamment à travers un déferlement de gammes et de passages techniques à la main droite. Le contraste timbral entre les climax rythmiques discordants et les motifs calmes et plus harmonieux du début et de la fin est bien mis en valeur. Les 13 Préludes de Jean Coulthard contiennent chacun un sous-titre évocateur d’un caractère ou d’un sentiment spécifique. Potvin réussit particulièrement bien à saisir le tempérament du troisième prélude, Pensive. Ici, le silence parle aussi fort que la musique elle-même. Potvin laisse le souffle se mêler à son jeu, ce qui confère à la musique un caractère particulièrement humain.

Murmuration de Keiko Devaux commence par des gestes musicaux qui s’apparentent à des chants d’oiseaux dans l’extrême aigu. Au fur et à mesure que le morceau progresse, les mains se rapprochent des octaves moyennes, résolvant ainsi la dualité antérieure. L’habileté technique de Potvin permet de naviguer de façon experte dans les nombreux tours et détours de cette œuvre et chaque geste se lit véritablement comme un oiseau individuel contribuant à un chœur plus grand.

L’album se termine par un arrangement de Potvin de The Contented House de Coulthard. À l’origine, il s’agissait d’une suite orchestrale dont Potvin a su préserver la texture tranquille et les couleurs uniques dans sa transcription pour piano. Dans l’ensemble, l’album porte bien son nom, chaque œuvre apportant des facettes émotionnelles différentes qui brossent un tableau de calme, de quiétude et d’apaisement.