Navigation sur: Lebrecht Weekly

Il y a quatre mois, j’ai écrit sur l’un des disques de Chostakovitch les moins satisfaisants qu’il m’ait été donné d’entendre, une interprétation où le chef d’orchestre, un jeune Finlandais survolté, parcourait la surface musicale sans pénétration ni concept stratégique. La morosité qui m’a envahi à l’annonce d’un cycle complet de symphonies par cet interprète non préparé a depuis été légèrement atténuée par l’émergence d’un cycle parallèle par un compatriote finlandais, Santtu-Matias Rouvali. À 40 ans cette année, Rouvali est directeur musical du Philharmonia Orchestra de Londres et a de bonnes chances d’être le prochain chef à San Francisco ou…

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La mort du compositeur Alexander Goehr en août dernier a rappelé aux nécrologues les contributions vitales à la culture britannique insulaire de son père Walter Goehr, réfugié. Walter a travaillé comme chef d’orchestre pour EMI et pour l’un des orchestres les plus faibles de la BBC. On se souvient surtout de lui pour avoir donné en 1953 la première britannique de la Turangalîla Symphonie d’Olivier Messiaen, mais il a également introduit toute une série de nouveautés, de Monteverdi à Mahler, de Schoenberg et Stravinski à Britten et Tippett. Le premier choc que l’on ressent en entendant Das klagende Lied et…

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À quoi sert un centenaire s’il ne rétablit pas une réputation ? Cent ans se sont écoulés depuis la mort du Germano-Italien Busoni à Berlin et, bien que nous ayons entendu son énorme Concerto pour piano dans les salles de concert en 1924, rien d’autre ne s’est produit pour changer la perception générale selon laquelle Busoni était un formidable pianiste avec de grandes idées qui ne se traduisaient pas nécessairement par une musique d’une valeur durable. Deux enregistrements d’œuvres pour piano renforcent cette image. Le pianiste allemand Wolf Harden a atteint le volume 13 dans sa quête de l’intégrale des…

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Les compositeurs allemands ne savent pas s’amuser. Il suffit de penser à la Plaisanterie musicale de Mozart ou aux moqueries de Beethoven sur l’embonpoint du violoniste Schuppanzigh. Ce n’est pas drôle du tout. Sans parler de Schumann et de Brahms, ou des piètres plaisanteries anti-critiques de Wagner, Mahler et Richard Strauss. C’est donc dans un état d’esprit méfiant que j’ai abordé cet album de morceaux inconnus pour plusieurs pianos et orchestre de Mendelssohn, Moscheles, Schubert et Liszt. Le jeu à quatre mains est habituellement l’occasion pour les musiciens d’échanger des plaisanteries. Est-ce une heure d’écoute amusante ? Presque. La première…

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Cela fait 30 ans que j’ai entendu György Ligeti expliquer pourquoi il permettait que son premier quatuor à cordes soit joué après quatre décennies passées dans un tiroir. Ce quatuor, composé en 1954, était trop proche de ses sources. « C’est le septième de Bartók, a déclaré Ligeti, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas une si mauvaise chose. » Intitulé Métamorphoses nocturnes, le quatuor fait entendre des insectes bourdonnants, des herbes chuchotantes et bien d’autres choses qui se bousculent dans la nuit. Au milieu de ces bruits sauvages, on trouve des lignes mélodiques nostalgiques et un…

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Qu’ai-je fait de ma semaine ? Je l’ai passée à piller le cercueil de l’un des violonistes les plus captivants de l’histoire. David Oïstrakh, né à Odessa (donc Juif ukrainien plutôt que russe), a donné le ton au violon à l’époque soviétique. Non seulement dans ses propres interprétations, mais aussi dans celles de ses élèves moscovites, parmi lesquels Oleg Kagan, Gidon Kremer, Lydia Mordkovitch, Nina Belina, Stoïka Milanova, Rimma Sushanskaya et bien d’autres, sans oublier son propre fils, Igor, qui s’est distingué. En maintenant un individualisme distinctif dans un État autoritaire, il a enseigné aux jeunes musiciens à trouver leur…

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Le son du Berlin des années de Weimar est défini par Kurt Weill. Plus que tout autre compositeur, sa musique pour les spectacles de Bertolt Brecht évoque le carrousel nerveux, insouciant, plein d’espoir, résigné et inventif d’une société en perpétuelle crise. Weill, fils d’un cantor juif de la province de Dessau, a su percer les codes musicaux de la capitale et les a perpétués dans des chansons pour sa femme à la voix fêlée, Lotte Lenya. Il y eut aussi deux symphonies, mais nous n’en parlons pas, n’est-ce pas ? La première a été rejetée en 1921 par Ferruccio Busoni,…

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2024 a été une année monotone pour les grandes maisons de disques et une année instable pour les petites. Quatre maisons indépendantes se sont vendues – Hyperion à Universal, Bis à Apple, Chandos à Klaus Heymann, Divine Art à Rosebrook –, ce qui constitue le plus grand bouleversement depuis des décennies et nous amène à nous demander dans quelle mesure leur individualité têtue pourra survivre dans la décennie à venir. Quand je choisis l’album de l’année, je cherche des projets qui définissent l’époque et qui passeront l’épreuve du temps. L’enregistrement par Janine Jansens des concertos de Sibelius et du premier…

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Ethel Smyth était une lesbienne masculine de la classe moyenne, issue d’une famille de militaires anglais, qui est allée en prison pour la cause des suffragettes et que l’on a vue diriger ses codétenues à la prison de Holloway à l’aide d’une brosse à dents. Telle est, en résumé, l’impression donnée par Thomas Beecham et d’autres admirateurs avisés. Virginia Woolf a dit un jour qu’être aimée par Ethel était « comme tomber entre les pinces d’un crabe géant ». L’indélicatesse physique de la compositrice a occulté tout ce qu’il y avait de valable dans sa musique, qui s’est évanouie avec…

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J’ai pris un jour le thé avec Miklós Rózsa dans l’appartement d’un ami, à l’angle d’Abbey Road. C’était ma première rencontre avec un compositeur de l’âge d’or hollywoodien et ma curiosité était bien plus grande que celle qu’il était prêt à satisfaire. Il voulait parler de ses œuvres de concert plutôt que de ses musiques de film. Je n’arrêtais pas de parler du Livre de la jungle et de Jules César, tandis qu’il me poussait vers ses concertos négligés. Le Concerto pour violon, écrit pour Jascha Heifetz en 1953, a mis trois ans à arriver sur scène pendant que le…

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