Il y a eu ceux que Staline a assassinés ou réprimés, il y a eu ceux qui sont partis à l’étranger et il y a eu ceux, rares, qui sont restés au pays et qui ont gardé le silence pendant la plus grande partie de leur vie. Je pensais les connaître tous, mais le pianiste new-yorkais Vladimir Feltsman a rassemblé une brochette de talents en marge, qui ajoutent chacun une dimension vitale à l’image russe. Alexei Stanchinsky (1888-1914) était une figure comparable à Scriabine, qui écrivait des sonorités vaguement modernes et souffrait de moments d’absence. Il s’est noyé deux mois…
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Je ne pense pas trop m’avancer en disant qu’il n’existe pas encore d’exécution satisfaisante de cette œuvre troublante. Lorin Maazel l’a dirigée pour DG avec une intervention minimale. Michael Gielen a fait paraître un enregistrement d’un concert radiophonique assez leste. Riccardo Chailly l’a abordée avec le Concertgebouw au début des années 1990 – la meilleure version jusqu’ici, même si elle demeure encore éloignée, selon moi, de l’essence de l’énigme Zemlinsky. La Symphonie lyrique est la seule œuvre majeure à prendre la forme de Das Lied von der Erde. Outre que les mezzos et les ténors ont été remplacés par des…
Vous êtes-vous déjà demandé ce que Henryk Mikolaj Górecki avait fait avant de toucher le gros lot avec sa troisième symphonie vendue à un million d’exemplaires ? Le sage de Katowice n’a jamais adhéré à aucune doctrine ni à aucun style, se permettant de passer du modernisme au minimalisme avec tout ce qu’il y avait entre les deux. Son premier quatuor à cordes, commandé par la quatuor Kronos en 1988, s’intitule « Already it is dusk » et semble regretter le dernier jour avec ses fragments méditatifs, comme pour suggérer que rien n’est jamais fini. Le deuxième quatuor, écrit trois ans plus tard,…
Un autre album à thème, mais pour une fois un thème d’actualité. Ian Bostridge a choisi des œuvres de deux compositeurs tués lors de la Première Guerre mondiale et de deux autres qui ont connu la terreur de la guerre sans l’avoir vécue. Les chansons de George Butterworth d’après le recueil de poèmes de A. E. Houseman A Shropshire Lad illustre à la fois l’intemporalité du paysage anglais et le désespoir des jeunes hommes dans les tranchées. Bostridge est déchirant dans ses lignes de falsetto dans « Is my team ploughing? », l’appel d’un soldat tombé au combat. Butterworth est mort d’une…
Dans une avalanche d’albums thématiques – c’est ce dont les bureaux des maisons de disques raffolent de nos jours plutôt que de nouveaux talents – la sortie de la diva canadienne donne vraiment l’impression de signifier quelque chose. Pas la photo de couverture, qui la montre en train de flirter avec un type dans la forêt, mais le contenu, qui comprend des chansons de Schoenberg, Webern, Zemlinsky, Berg et Hugo Wolf, avec une aberration politiquement correcte à laquelle nous reviendrons dans un instant. Quatre lieder de jeunesse de Schoenberg, opus 2, sont si proches de Mahler qu’elles sont sentimentales au…
Il y a un an environ, il était difficile de savoir si Gianandrea Noseda ou Simon Rattle serait le prochain directeur musical du London Symphony Orchestra. En fin de compte, le LSO obtient le meilleur des deux mondes, avec Rattle au premier rang et Noseda, qui habite désormais Washington DC, effectuant des visites trois ou quatre fois par an. Ce récit de la Huitièmede Chostakovitch, que je regrette d’avoir manqué en avril, est l’un des plus piquants et des plus idiomatiques jamais enregistrés. Noseda, qui s’est retiré en tant que chef du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, est imprégné de rythmes et…
Je peux difficilement décrire ma joie d’entendre deux oeuvres inconnues de Berthold Goldschmidt, un brillant compositeur qui s’est enfui à Londres en 1935 et a vécu dans l’obscurité jusqu’à une vague de reconnaissance tardive dans les années 1980. J’ai beaucoup vu Berthold au cours de sa dernière décennie, alors qu’il parcourait le monde pour des concerts et je me souviens à quel point il accueillait l’acclamation avec la même modestie qu’il avait face à l’oubli. L’ouverture de la Comedy of Errors est un trio pour pianos qu’il a composé pour le 25e anniversaire de mariage de ses parents, avant de…
Jan Ladislav Dussek aurait pu être un bon candidat si seulement Mozart était né ailleurs et à une autre époque. Dussek (1760-1812) n’a ni les bonnes dates, ni les bonnes compétences. Toutes les deux mesures, il choisit une note que Mozart aurait rejetée pour un meilleur choix et, même si Dussek peut se relever et nous offrir ce qui passerait pour du très bon Clementi, votre oreille appréhende déjà le prochain faux pas. Parmi les trois concertos proposés ici, deux sont contemporains de la fin de Mozart en 1787 et 1791, mais ont seulement les numéros d’opus 3 et 14.…
Un dilemme de critique. Le violoncelliste Steven Isserlis est un copain. Il vit au coin de la rue et nous nous saluons lorsque nous nous croisons dans le quartier. Il sait que j’ai reçu sa dernière version pour examen. Il sera déçu si je l’ignore et grincheux si j’y trouve des fautes. Critique ou pas critique ? Si je ne voulais pas faire de critique sur mes amis, je devrais éliminer la moitié des enregistrements. De même, si je mentionnais une amitié chaque fois que j’écrivais une critique, les lecteurs passeraient à un autre appel. Alors que faire? Il y a…
Rachmaninoff, Concertos pour piano no 2 et 4 – Deutsche Grammophon Daniil Trifonov – Philadelphia Orchestra, Yannick Nézet-Séguin Au milieu de l’excitation suscitée par la redécouverte d’un enregistrement des Danses symphoniques par Rachmaninoff, voici une nouvelle lecture de deux concertos avec l’orchestre préféré de Rachmaninoff, interprétés par le pianiste vivant qui lui ressemble le plus. Deutsche Grammophon a intitulé l’album Destination Rachmaninoff. Départ, où figure en couverture un portrait du soliste Daniil Trifonov, assis dans le genre de compartiment de chemin de fer contemporain des disques de gomme-laque. Ne vous laissez pas distraire par ces coups de marketing. Trifonov ouvre avec…