Armée de sa guitare, l’autrice-compositrice-interprète Safia Nolin détourne les milliers d’insultes reçues et affronte ses bourreaux dans l’incroyable Surveillée et punie, 30 mai -1 juin https://fta.ca/ + Septembre 2024 https://theatreprospero.com/ + CNA 14-16 novembre https://nac-cna.ca/f
C’est bien connu, la différence dérange. Et Safia Nolin, qui ne correspond pas à « la norme », est depuis plusieurs années la cible de trolls qui se cachent derrière un clavier pour vomir sur elle leur haine viscérale.
Dans Surveillée et punie, l’autrice-compositrice-interprète s’est approprié les insultes qui l’ont blessée et, avec l’auteur metteur en scène et comédien Jean-Philippe Baril Guérard les a travaillées pour en faire un livret. C’est Philippe Cyr, le directeur du Prospero, qui a eu l’idée du concept et qui signe la mise en scène de cette forme théâtrale et opératique qui redonne enfin la parole à l’artiste folk.
Une longue fosse rectangulaire est ouverte au milieu de la scène. La silhouette de la chanteuse fait dos au public. Assise les pieds dans la fosse, elle écoute les paroles qui sont aussi écrites en rouge, sur trois grands écrans, contemple le décompte des graffitis insultants disséminés dans la ville et prend la mesure de l’indifférence générale lorsqu’elle réécoute son appel angoissé à la police. Le tout est terriblement affligeant et on se prend d’empathie et d’admiration pour Safia Nolin qui a réussi à surmonter toutes ces agressions.
La violence, la vulgarité des horreurs proférées sont étouffantes et pourtant, les rimes et la forme restent élégantes. Le tout est magnifiquement chanté par une chorale mixte de 21 personnes, placée sur une estrade recouverte de petites couvertures colorées réalisées au crochet. Les membres de la chorale portent des chemises noires, comme les adhérents à la milice du régime fasciste de Benito Mussolini. Leurs visages sont couverts de masques qui ressemblent à ceux des lutteurs mexicains; ils sont eux aussi joliment crochetés. L’art, chanté ou crocheté, transforme le laid.
La révélation de l’alter égo de Safia Nolin, la comédienne Debbie Lynch-White, amène plus de légèreté à la représentation. Connue elle aussi pour sa jolie voix, elle utilise aussi son jeu physique, son humour et son aisance à jouer nue pour soutenir avec tendresse et de toute sa présence, sa compagne de jeu.
Surveillée et punie parle de la violence de notre société, de son intolérance, facilitée par les réseaux sociaux et leur soif de polémique, mais de aussi de résistance, de sororité et de bienveillance. Surveillée et punie, Un spectacle à voir et à entendre. 30 mai -1 juin https://fta.ca/ + Septembre 2024 https://theatreprospero.com/ + CNA 14-16 novembre https://nac-cna.ca/f
