Lara Kramer: Questionnement générationnel

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Chorégraphe et artiste multidisciplinaire d’origine métissée ojie-crie et menonnite dont la compagnie est basée à Montréal, défenderesse reconnue des droits de la personne par le Centre commémoratif de l’Holocauste de Montréal, Lara Kramer met en contraste les relations brutales qu’entretiennent les peuples autochtones avec la société coloniale. Lara fait partie du corps professoral d’Indigenous Dance Residency au Banff Centre et son œuvre traite des cicatrices laissées par le génocide culturel. L’œuvre Fragments (2009) est inspirée des histoires de sa mère dans les pensionnats canadiens, Native Girl Syndrome (2013) de l’intériorisation des traumas chez les femmes autochtones et Windigo (FTA-2018 + CNA 2019) est son pendant masculin, où les traumatismes s’extériorisent à travers différents corps et objets.

L’installation Phantom Stills & Vibrations, créée à l’espace Artspace de Peterborough et tout juste reprise au MAI, entraîne le spectateur sur les lieux de l’ancien pensionnat autochtone Pelican Falls, à Sioux Lookout, en Ontario, où ont été envoyés de force trois générations de sa famille. « Je n’ai pas encore trouvé de manuel qui explique comment vivre avec les conséquences d’avoir été élevée par des parents qui ont vécu pendant trois générations en rupture de leur langue et de leur culture, arrachés à leurs familles et envoyés dans ces horribles pensionnats » remarque la jeune femme. Elle reprend : « Et maintenant que j’ai à mon tour des enfants, je me pose de nouvelles questions ».

Lara Kramer veut poursuivre son travail de dénonciation des réalités cachées, des traumatismes profonds qui imprègnent l’histoire de son peuple, laisser une trace : « Avec tous ces liens à mon histoire personnelle et probablement à cause de l’effet de la honte que ma mère a intégrée au pensionnat, j’ai eu beaucoup à absorber lors ce processus de création ». L’interprète chorégraphe a voulu aller plus loin, réfléchir autrement la scénographie et superposer les fantômes des enfants suicidés ou assassinés au rêve d’un autre monde pacifique. Pour elle, le corps est toujours impliqué, même dans une installation. Le silence autour de ce génocide et de cette souffrance affecte l’ensemble de la communauté ; il fait partie de son quotidien et cela a forcément encore des répercussions. Lara Kramer conclut : « Le poids de ce pensionnat a la violence d’une blessure, j’en ressent encore le ressac et je voudrais pouvoir ne plus en parler ».

www.larakramer.ca

 

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