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Le Festival international Présence autochtone
Que les aficionados du Festival international Présence autochtone (FIPA) se rassurent, ils retrouveront cet été les axes qui font le succès du festival : le grand volet de films vidéo compétitifs, des concerts qui seront des créations et des commandes – pas seulement des spectacles en tournée –, le volet d’art visuel, présenté à La Guilde, et, enfin, les activités sur la place des Festivals.
Les instruments natifs
« Avec Daniel Áñez, qui dirige No Hay Banda, un groupe de musiciens aussi producteur d’événements, commence le directeur artistique André Dudomaine, nous avons conjugué nos efforts pour faire venir de Bolivie l’Ensemble de chambre de l’Orchestre expérimental d’instruments natifs (ECOEIN) dans sa version orchestre de chambre. » L’orchestre de musique contemporaine utilise des instruments traditionnels quechuas et aymaras de Bolivie.
Les instruments natifs ne sont pas accordés aux gammes européennes. « Les compositeurs qui collaborent avec l’ECOEIN doivent se faire expliquer le système mélodique de ces instruments – une résidence artistique d’un mois est un prérequis à toute collaboration », explique Daniel Áñez. Certaines flûtes carrées, à trous, se nomment tarkas et on obtient avec elles des accords traditionnels qui ont tous leurs propres noms. Les sikus sont de petits tuyaux de différentes tailles qui se jouent accompagnés, car un instrument ne possède pas toute la gamme et un autre musicien doit jouer les notes manquantes de la mélodie.
Les membres de l’ECOEIN exécuteront dans un premier spectacle des œuvres originales de Graciela Paraskevaídis, Cergio Prudencio, Tato Taborda et Canela Palacios, sous la direction d’Ándrea Alvarez. La formation andéenne travaille aussi à la transcription d’enregistrements de mélodies oubliées, l’idée étant d’apprendre ces morceaux et de les transmettre aux communautés aymaras pour qu’elles se réapproprient ces airs négligés.
Les Montréalais découvriront ces airs traditionnels au second concert, gratuit, qui se déroulera à l’extérieur. « Les membres de l’orchestre prendront aussi part au défilé, place des Festivals, mais surtout, ils proposeront un atelier d’interprétation de siku d’une journée. » Les participants achèteront pour l’occasion un siku spécialement importé de Bolivie avec lequel ils pourront ensuite jouer. Restez attentif pour les inscriptions sur www.nohaybanda.ca. Sala Rosa, 15 août, stationnement Ethel, 18 août.
Afficher sa révolte
La résistance patiente qui a caractérisé le FIPA de nombreuses années se teinte résolument de rébellion. Sur la remarquable affiche de l’événement, commandée à Mathieu Bergeron, un jeune musicien, tambour à la main, s’élance sur une planche à roulettes, au-dessus de la tête déboulonnée de John Alexander MacDonald.
« Nous souhaitions être pris en flagrant délit de ténacité, retourner aux sources », souligne André Dudomaine, qui voulait redonner une idée plus juste de l’identité du festival. Les mémoires sont courtes et, à cause de la réputation que le festival s’est acquise, certains oublient qu’il est né au lendemain de la crise d’Oka. « Il y a eu un très long chemin de résilience, mais la parole autochtone et sa souveraineté narrative, créatrice se sont libérées. »
L’affiche rappelle l’habillage de la place des Festivals que le FIPA a dévoilé l’an passé, avec sa rampe pour planches à roulettes installée sur la promenade des Artistes. Mais un sous-texte plus douloureux évoque les sépultures découvertes près des pensionnats. « Les enfants rentrent à la maison, disent les aînés, et cette jeunesse autrefois volée ressurgit pour donner un aplomb plus prononcé aux droits autochtones », ajoute André Dudomaine.
MacDonald est l’artisan d’une mise en tutelle qui a rangé les Autochtones dans la catégorie des gens incapables de s’occuper d’eux-mêmes, il a sédentarisé les Premières Nations pour préparer le vol de leurs territoires et participé à l’élaboration des écoles résidentielles. Sa statue trônait sur le square Dominion, en tenue de chevalier de l’Empire. Les historiens disent qu’il faut contempler ces actions avec les yeux de l’époque. « Mais avec les yeux de qui ? », demande Dudomaine.
Du Nord au Sud, des statues ont été déboulonnées aux États-Unis, au Mexique, en Colombie, au Chili, en Bolivie. L’affirmation internationale des Premiers Peuples nourrit le festival, qui la nourrit à son tour. « Il est important de saisir l’énergie de ce grand courant décolonial. » 8-17 août.
En juin
Dans le cadre du mois national de l’histoire autochtone, le FIPA présente Frétillant et agile, une étape de travail du nouveau spectacle de Jocelyn Sioui, qui sera porté à la scène la saison prochaine. Après le succès de l’adaptation scénique de son essai littéraire Mononk Jules, le conteur et marionnettiste aguerri se penche cette fois sur un héros wendat, l’étrange Auhaïtsic qui tente de sauver sa nation de la mort. L’œuvre fantaisiste remet en question l’histoire occultée. Avec la participation du compositeur et accordéoniste Luzio Altobelli et du percussionniste Bertil Shulrabe. Gratuit, mais inscription obligatoire. 20 juin, Auditorium de la Grande Bibliothèque.
Enfin, avec le concours de la Société du Vieux-Port, le FIPA convie les Montréalais au quai de l’Horloge pour une célébration rituelle et civique du solstice, avec cérémonie du tabac, évocations des aînés mohawks de Kahnawake, allumage du feu du jour qui correspond au zénith solaire et tambours traditionnels. Le talentueux Shauit interprétera des extraits de son tout nouvel opus innu folk, un disque d’amitié et de réconciliation, Natukun. 21 juin, quai de l’Horloge.
Pow-wow à Kahnawake
Pow-wow est un mot d’origine algonquienne qui signifie rassemblement de gens de différentes nations. Les Premières Nations se sont toujours ponctuellement retrouvées pour échanger et célébrer, mais les pow-wow ont été interdits par le gouvernement canadien jusqu’en 1951, dans un but d’assimilation. Dans une perspective de réconciliation, les visiteurs sont maintenant conviés aux pow-wow organisés chaque été à travers le pays.
Ces rencontres mettent la danse, les tambours, les chants et la nourriture traditionnels à l’honneur. Près de Montréal, les danseuses et danseurs de toutes les nations se rejoignent à Echoes of a Proud Nation, le pow-wow de Kahnawake. Vêtus d’un régalia, l’habit traditionnel confectionné pour l’occasion, les interprètes se défient par catégories pour remporter les prix en jeu – 40 000 dollars sont offerts aux gagnants. Haute en couleur, placée sous l’auspice de l’amitié, l’expérience du pow-wow est inoubliable. 8-9 juillet. www.kahnawakepowwow.com
Festival Innu Nikamu
Pourquoi ne pas aller à l’aventure sur la Côte-Nord du Québec et découvrir le Festival Innu Nikamu ? Près de Sept-Îles, la région de Maliotenam est depuis longtemps un point de convergence pour le peuple innu de la région. Et la communauté a pris un bel essor artistique après la fermeture définitive du pensionnat, dans les années 1970.
Le Festival Innu Nikamu (littéralement « il chante en innu ») est donc porté par une communauté soudée qui exprime son identité à travers sa créativité et sa musique. Pendant quatre jours, cette grande fête familiale, sans alcool ni drogue, crée un rapprochement entre les différentes nations autochtones qui s’y retrouvent. Formidable pied de nez à l’histoire, l’événement se déroule sur le site même de l’ancien pensionnat Notre-Dame de Maliotenam et transforme ainsi cet endroit au terrible passé en lieu de célébration de la culture innue.
Aujourd’hui, avec ses 33 ans de rassemblements musicaux, le Festival Innu Nikamu est l’un des plus importants festivals de musique et d’art autochtone en Amérique du Nord. Sa programmation propose des musiciens, artistes et interprètes des Premières Nations du Québec et du Canada et des invités internationaux. Des artistes québécois partagent la scène à titre d’invités spéciaux et les habitants de la région et des villes avoisinantes participent aux festivités, tressant un lien réel entre les différentes communautés de la Côte-Nord.
Ainsi, cette année, le Festival Innu Nikamu accueillera notamment un de ses fondateurs et ardent soutien, Florent Vollant, son complice Richard Seguin, l’excellente Beatrice Deer, la vibrante Natasha Kanapé Fontaine, Claude McKenzie, Loud, Souldia et, en clôture, les célèbres Gipsy Kings. À expérimenter, pour le grand buffet de mets traditionnels (saumon, caribou, castor, outarde), la musique et les rencontres. 1er-6 août, Maliotenam. www.innunikamu.ca
Playlist
https://www.youtube.com/watch?v=AQKrXhC_Aw8
https://www.youtube.com/watch?v=29ECKTELi5M
https://www.youtube.com/watch?v=ykjBAn3vELY
https://www.youtube.com/watch?v=OxqYdDgfvBA&t=35s
https://www.youtube.com/watch?v=81hmuIjKrYk
https://www.youtube.com/watch?v=OMKuLfhtBAU
https://www.youtube.com/watch?v=66irifR7AHE
https://www.youtube.com/watch?v=hPJmIbghwBM
https://www.youtube.com/watch?v=Gy9gJ3jj3lE
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