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Je ne pense pas trop m’avancer en disant qu’il n’existe pas encore d’exécution satisfaisante de cette œuvre troublante. Lorin Maazel l’a dirigée pour DG avec une intervention minimale. Michael Gielen a fait paraître un enregistrement d’un concert radiophonique assez leste. Riccardo Chailly l’a abordée avec le Concertgebouw au début des années 1990 – la meilleure version jusqu’ici, même si elle demeure encore éloignée, selon moi, de l’essence de l’énigme Zemlinsky.
La Symphonie lyrique est la seule œuvre majeure à prendre la forme de Das Lied von der Erde. Outre que les mezzos et les ténors ont été remplacés par des barytons et des sopranos, la symphonie reste un hommage fidèle, sur les plans structurel et émotionnel, au chef-d’œuvre de Mahler. Là où Mahler s’est tourné vers l’Est et les poètes de la dynastie Ming, son disciple Zemlinsky a choisi d’interpréter les paroles du philosophe indien Rabindranath Tagore. Zemlinsky a présenté sa version de l’œuvre en 1923, une douzaine d’années après la mort de Mahler, alors qu’il était directeur musical du théâtre allemand de Prague.
La différence entre les deux réalisations est que Mahler, dans Das Lied, se tourmente sur l’impossibilité pour deux êtres de se rapprocher au niveau le plus profond, alors que Zemlinsky dépeint l’amitié de manière plus candide. Qu’à cela ne tienne, il sait toucher le cœur des auditeurs, et son nouvel enregistrement avec l’Orchestre symphonique national de la radio polonaise se démarque. Le chef allemand Alexander Liebreich accélère la cadence, qui devient beaucoup plus rapide que chez Chailly, un pari qui paie en rythmes précis et concentrés. Les solistes Johanna Winkel et Michael Nagy ne font rien de dramatique, interprétant la pièce tout juste comme elle devrait l’être. L’orchestre, enregistré à la nouvelle salle du NOSPR, est, quant à lui, de toute première classe, avec un son net et limpide. Écoutez attentivement et vous entendrez autant d’échos de la Cinquième et de la Neuvième de Mahler que du Chant de la terre.
Cette interprétation phare est ingénieusement combinée au Concerto pour violon no 1 de Szymanoski, contemporain dans son atmosphère et dans sa confusion, avec Elina Vähälä comme soliste. La meilleure version disponible.
Traduction par Andréanne Venne
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