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Deux symphonies problématiques d’un compositeur torturé sont expédiées par le Boston Symphony et son chef d’orchestre letton avec une quasi-nonchalance.
La 4e Symphonie, conservée par le compositeur pendant un quart de siècle à cause de l’attaque de Staline contre Lady Macbeth de Mtsensk, est ultra-mahlérienne dans son orchestration et son ironie et refuse totalement de suivre le positivisme à outrance préconisé par le parti. Le secret des intentions du compositeur échappe à de nombreux chefs d’orchestre. Andris Nelsons adopte une sorte de neutralité balte en minimisant les émotions extrêmes de la partition dans l’espoir de ne pas être attaqué par l’ours russe. C’est une belle performance qui manque d’une pointe de témérité.
La 11e Symphonie est une autre affaire, une révélation. Nommée « L’Année 1905 » après la première révolution russe et destinée à tenir les commissaires à l’écart du compositeur, la symphonie est largement mécomprise comme son approbation au régime de Staline, alors qu’il n’en était rien. En prenant l’Adagio d’ouverture à un rythme d’escargot, Nelsons ouvre les textures intérieures pour exposer la trépidation à la place de la célébration, l’humanité cachée plutôt que les fanfaronnades politiques. La survie est le plus grand impératif moral. Les musiciens de l’Orchestre symphonique de Boston suivent les tempi et nuances indiquées par Nelsons, le tout avec une précision terrifiante. C’est peut-être le plus bel enregistrement de la 11e Symphonie. Frappant !
Traduit par Benjamin Goron
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