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Capriccio4
Il existe une loi non écrite en musique selon laquelle les compositeurs ne sont pas joués pendant dix ans après leur mort. Cette loi du mutisme est certainement vraie pour Henze, qui, décédé en 2012, n’a presque pas été entendu depuis. Une mise en scène par l’Opéra de Vienne de son opéra de 1990, basé sur le roman puissant de Yukio Mishima, Le Marin qui abandonna la mer, était destinée à briser le silence l’année dernière, mais fut perturbée par le confinement. La production viennoise avait nécessité une révision et une imagination considérables, l’opéra ayant été un échec à sa première berlinoise en 1990.
Henze et Mishima avaient beaucoup en commun, tous deux ayant été élevés sous le fascisme. Mishima est resté un agitateur d’extrême droite, se faisant hara-kiri en 1970 pour protester contre l’état du Japon d’après-guerre. Henze a rejoint l’extrême gauche, a quitté l’Allemagne, a embrassé Fidel Castro et a proclamé la libération homosexuelle. Ses aspirations maritimes personnelles ont trouvé leur expression dans sa dévotion au festival d’Aldeburgh de Britten. L’ouverture orchestrale de The Sea Beyond pourrait presque être confondue avec Peter Grimes, si ce n’était de courants sous-jacents d’Alban Berg. Ceux-ci, cependant, ne sont que des ingrédients. La tapisserie sonore qui en émerge appartient richement à Henze, ancrée dans le balancier allemand du 20e siècle entre tonalité et atonalité.
L’intrigue a quelque chose de Madame Butterfly, sauf que tous les personnages sont japonais. Tsukazaki est un capitaine de navire qui tombe amoureux d’une jeune veuve de guerre riche, Fusako. Son fils Noboru, âgé de 13 ans, s’oppose à cette union. Il a sa bande. Ça ne peut pas bien finir.
La distribution de l’enregistrement est exceptionnelle. Bo Skovhus est le marin, Vera-Lotte Boecker la veuve, Josh Lovell l’enfant insupportable. L’Orchestre philharmonique de Vienne émet des sons de pincement, de tapotement , des sons retentissants comme ils n’ont jamais appris à en produire au Musikverein. C’est un tout acoustique immersif, avec des changements dramatiques serrés menés par l’imposante Simone Young. J’ai été complètement absorbé par l’opéra en tant que production sonore. Un jour, peut-être, j’aurai l’occasion de voir tout le spectacle.
NL
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