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LSO Live4
J’ai pris un jour le thé avec Miklós Rózsa dans l’appartement d’un ami, à l’angle d’Abbey Road. C’était ma première rencontre avec un compositeur de l’âge d’or hollywoodien et ma curiosité était bien plus grande que celle qu’il était prêt à satisfaire. Il voulait parler de ses œuvres de concert plutôt que de ses musiques de film. Je n’arrêtais pas de parler du Livre de la jungle et de Jules César, tandis qu’il me poussait vers ses concertos négligés.
Le Concerto pour violon, écrit pour Jascha Heifetz en 1953, a mis trois ans à arriver sur scène pendant que le soliste jouait avec la partition. Heifetz avait déjà été critiqué pour avoir créé le concerto pour grand-écran d’Erich Wolfgang Korngold; il ne voulait pas se faire griller deux fois.
Le concerto est un voyage en trois étapes. Le premier mouvement porte le trouble de l’exil, une réminiscence du pays natal perdu. Le deuxième est rempli de désirs romantiques, d’une nostalgie de fin de siècle. Le finale est indubitablement hongrois, un chassé-croisé amoureux à travers les plaines magyares.
Contrairement à Korngold, Rózsa cache ses références cinématographiques et vise le drame scénique. Il demande au soliste de travailler dur pour vaincre un orchestre énergique. Cela devient un combat jusqu’au bout et je ne sais toujours pas qui a gagné, mais le voyage en vaut la peine et une demi-heure de Rózsa de haut niveau est une chose que vous n’oublierez pas.
Le violon solo russo-monténégrin du LSO, Roman Simovic, est suffisamment virtuose pour se moquer des passages tape-à-l’œil de Heifetz et suffisamment balkanique pour s’identifier au contenu de l’œuvre. Simon Rattle tire une intensité palpitante du London Symphony Orchestra.
Le concerto de Rózsa est associé au Concerto no 2 de Bartók, moins réussi à plusieurs égards. Simovic n’a pas grand-chose à ajouter aux annales des grandes interprétations et le LSO semble se contenter de suivre le mouvement sous la direction de Kevin John Edusei. Il s’agit d’une expérience de concert satisfaisante, mais non d’un enregistrement durable.
Traduction par A. Venne
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