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BIS4
Stravinsky n’est plus au programme ces jours-ci. Hormis la musique de ballet, le compositeur autrefois considéré comme le plus grand du siècle a été mis au rancart par les orchestres, qui ne le considèrent plus comme un choix rentable. On peut contester le bien-fondé de ce jugement, mais pas l’évidence : quand avez-vous entendu pour la dernière fois une Symphonie en ut ?
Le Concerto pour violon en ré majeur de 1931, commandé par le virtuose américain Samuel Dushkin, est l’une des partitions les plus inventives de la période néoclassique de Stravinsky, révélant une bonne part de l’apport de Dushkin. Le violoniste allemand Frank Peter Zimmerman, associé à l’Orchestre symphonique de Bamberg et à Jakub Hrůša, en fait une œuvre romantique tardive, pleine de nostalgie pour la jeunesse, la patrie et la confiance perdues. La deuxième aria, jouée en douceur, a une qualité douloureuse qui lui est propre. C’est de loin l’interprétation la plus réfléchie qu’il m’ait été donné d’entendre depuis des années, et aussi la plus sympathique.
Les deux rhapsodies pour violon de Bartók, datées de 1928, sont des danses balkaniques fringantes et folkloriques : qu’y a-t-il à redire ? La Suite concertante de 1944 de Bohuslav Martinů est l’une de ses œuvres les moins jouées et je suis ravi de faire sa connaissance. Hrůša fait ressortir l’ADN bohémien de Bamberg − l’orchestre a été fondé par des réfugiés tchèques d’après-guerre − et Zimmerman lui donne toute sa technique de vente virtuose. Martinů danse comme le diable en personne et rêve comme Joseph en Égypte. Comment de tels chefs-d’œuvre peuvent-ils être laissés de côté ? Pourquoi les orchestres ne regardent-ils pas plus loin que le bout du nez d’un bibliothécaire ? Les notes du livret de BIS (par Rebecca Schmid) sont très instructives et agréables à lire, ce qui n’est pas courant de nos jours.
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