Critique de disque | Elisabeth St-Gelais, Infini

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Infini

Elisabeth St-Gelais, soprano; Louise Pelletier, piano. Georges Bizet, Cécile Chaminade, Henri Duparc, Francis Poulenc, Camille Saint-Saëns, compositeurs

ATMA Classique, 2024

On entend parler de plus en plus de la soprano Elisabeth St-Gelais : nommée Révélation Radio-Canada 2023-2024, elle a remporté par la suite le prestigieux Prix d’Europe en 2024. On en entend parler… et on l’entend chanter, de cette voix ample et généreuse qu’on imagine résonner un jour sur des scènes importantes. On peut donc ressentir un certain étonnement en découvrant son premier enregistrement officiel, constitué de sept mélodies françaises qui évoquent plutôt l’intimité d’un salon.

Une fois cet étonnement passé, on se dit qu’il faut plutôt féliciter la jeune artiste d’avoir fait preuve de prudence en choisissant ces pièces qui mettent en valeur sa musicalité et son tact, au lieu de se mesurer à des héroïnes d’opéra, là où on l’attendrait plus spontanément. (Sur YouTube, on peut l’entendre en Comtesse des Noces de Figaro, Tatiana d’Eugène Onéguine et même dans le Vissi d’arte de Tosca, qu’elle défend de manière très convaincante.) Oui, un jour nous aurons certainement droit à un enregistrement avec orchestre de grands rôles du répertoire, où la voix majestueuse de St-Gelais pourra donner libre cours à toute sa force.

En attendant, on lui sait gré de nous faire découvrir deux mélodies peu connues de la trop sous-estimée Cécile Chaminade (Infini et Villanelle), une rareté de Bizet (Pastel) et une de Saint-Saëns (Si vous n’avez rien à me dire). Dans ces jolis bibelots finement ciselés, même si l’artiste offre un chant très soigné, sa grande voix semble parfois un peu à l’étroit.

Les trois autres plages, plus connues, lui donnent l’occasion de briller davantage. Son interprétation des fameux Chemins de l’amour de Poulenc, pour être moins proche de celle de la créatrice Yvonne Printemps, que de celle d’une Jessye Norman par exemple, n’en est pas moins très convaincante. Mais c’est dans Phydilé de Duparc, judicieusement placée en fin de récital, que la voix de St-Gelais s’épanouit le mieux. En effet, cette mélodie offre une progression savamment dosée, des longues phrases envoûtantes, qui procurent autant de satisfaction qu’un grand air d’opéra.

La jeune artiste peut s’appuyer sur toute l’expérience de Louise Pelletier, qui accompagne ce programme avec intelligence et raffinement. Une voix exceptionnelle qui nous offre des raretés, tout en faisant miroiter de belles promesses… voilà un disque réussi !

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A propos de l'auteur

Passionné d’art lyrique depuis son adolescence, Pascal Blanchet est détenteur d'un doctorat en musicologie de l'Université de Montréal. Une version abrégée de sa thèse a été publiée en France chez Acte Sud (Hervé par lui-même. Écrits du père de l’opérette). Outre son activité de choriste professionnel, il est scénariste pour des émissions jeunesse à la télévision québécoise et pour des spectacles musicaux joués partout au Québec : Opéra-bonbon ou L’aventure gourmande d’Hansel et Gretel et Les origines du bing-bang avec Jeunesses musicales Canada, ainsi que Lionel et Mary avec les Productions Rigoletta.

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