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Decca5
Schumann & Brahms
Benjamin Grosvenor, piano
Decca, 2023
Le jeu de Benjamin Grosvenor, l’un des pianistes les plus originaux et les plus doués de notre époque, est marqué par son anticonformisme : des changements de couleur soudains et extrêmes, une gestion unique du temps. Son toucher extrêmement clair et limpide fait de lui un véritable génie du piano contemporain, et ces qualités se révèlent de manière impressionnante sur ce disque.
Il y a toujours de la lumière dans les interprétations de Grosvenor. Même dans une œuvre complexe et parfois tordue comme les Kreisleriana, le jeune pianiste parvient à trouver la clarté et la positivité, si rares dans d’autres interprétations de la musique de Schumann.
Le disque se poursuit avec la Romanza n° 2 en fa dièse mineur, opus 28. Ici, la mélancolie règne, mais il y a aussi une certaine lucidité dans l’expression. Suivent le troisième mouvement de la Grande Sonate n° 3, op. 14 en fa mineur et les variations sur un Andantino de Clara Schumann. Grosvenor joue l’échelle avec une ampleur émotionnelle remarquable et une grande ardeur. Cette intensité intérieure est équilibrée par un arrangement de l’Abendlied, op. 85 n° 12, qui offre un moment de stase entre des morceaux très agités et structurellement complexes.
Les Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 20 de Clara Schumann sont une œuvre d’une grande complexité technique et compositionnelle; la polyphonie y est maîtresse, comme c’est également le cas dans d’autres Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 9 de Brahms.
La variation V est une démonstration de la virtuosité de Clara, l’une des pianistes les plus célèbres de son époque. Grosvenor la joue avec une clarté technique de la plus haute valeur. Le disque se termine par les Intermezzi, op. 117 de Brahms. Ici, le toucher cristallin et l’âme poétique du pianiste anglais atteignent des niveaux incroyables et le choix des temps et la gestion de l’agogique sont parfaits.
Traduction par Andréanne Venne
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