Du beatmaker à l’entrepreneur : Mark Gillespie, le Global Leaders Institute et la OAcademy

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Parcourant l’industrie de la production musicale hip-hop, le milieu universitaire et la gestion des arts, le PDG Mark Gillespie a fondé et dirigé plusieurs entreprises artistiques et éducatives innovatrices telles que le Global Leaders Institute (GLI) et la OAcademy Music Conservatory. Grand amateur du Québec, y compris ses bagels préférés provenant de Magog, Gillespie partage sa vision d’un changement de paradigme dans le leadership artistique et l’éducation musicale à l’échelle mondiale.

«Mon père étant diplomate, j’ai grandi dans différentes parties du monde, principalement en Asie. Partout où nous allions, mes parents nous faisaient suivre, moi et mes frères, des cours de piano. La musique était une constante dans ma vie en grandissant», explique Gillespie.

De retour à Washington, DC, Gillespie se fait connaître de ses camarades de classe à la Potomac School par ses compétences musicales et son vécu multiculturel. Ce n’est qu’en commençant à suivre des cours de composition à la Levine School of Music qu’il découvre son identité musicale. À cette époque, «la composition et l’improvisation sont devenues une grande part de moi-même», explique-t-il.

Adolescent aux goûts musicaux éclectiques, incluant les transcriptions d’opéras de Wagner par Liszt et les mélodies populaires de Neil Diamond, Gillespie est fasciné par l’écriture de chansons et la production musicale populaire. «Vers la fin de mes études secondaires, j’étais passionné autant par la composition, au sens traditionnel du terme, que par l’écriture de chansons et la production de disques», poursuit Gillespie. Sa passion l’amène à apprendre le métier avec Rodney Jerkins, «l’un des grands créateurs de succès pop du début des années 2000».

Son apprentissage auprès de Jerkins dure près de deux ans, période pendant laquelle il aide à écrire des chansons, à «créer les beats» et à enregistrer les artistes passant par les studios Darkchild, aux alentours de New York. Lorsque Jerkins décide de déménager son studio à Los Angeles, Gillespie s’installe à Québec, où il rédige un mémoire de maîtrise basé sur le travail qu’il a accompli à Darkchild. Son superviseur à l’Université Laval, le professeur Serge Lacasse, partage l’affinité de Gillespie pour la musique populaire; «il comprenait à quel point c’est beau, complexe, sophistiqué et incroyable de créer quelque chose que le monde entier peut aimer. Les gens ne réalisent pas à quel point c’est difficile d’arriver à la perfection», explique Gillespie.

Après avoir obtenu son M.Mus., Gillespie se rend en Norvège pour étudier la production de disques à l’Université de Stavanger dans l’intention de travailler avec le légendaire producteur suédois Max Martin. Moins d’un an après le début de sa deuxième maîtrise, Gillespie perd soudainement une grande partie de son audition d’un côté de la tête à la suite d’une blessure crânienne, mettant ainsi fin à son rêve de travailler dans les studios d’enregistrement. «J’ai perdu la joie et la capacité physique, car le travail de production sonore est tellement nuancé. Cela a créé une crise existentielle dans ma vingtaine», raconte Gillespie.

Mark Gillespie

À l’invitation d’un ami, Gillespie s’implique dans la gestion d’un festival de musique de chambre en Norvège. En tant que coproducteur, co-organisateur et promoteur, Gillespie développe un intérêt pour la gestion des arts. Cette expérience s’avère utile alors qu’il rejoint l’Orchestre du Groupe des Amériques (OA) lors de leur tournée estivale en Europe. Pendant six semaines de concerts et d’enregistrements avec des étoiles comme Placído Domingo, Gillespie rencontre de jeunes musiciens latino-américains qui jouent Beethoven avec une énergie que l’on retrouve lors de concerts de musique populaire. Cette découverte «a changé la trajectoire de ma vie», dit-il.

La sensibilité interculturelle de Gillespie et sa propension à la résolution de problèmes sont vite remarquées par la OA qui lui demande de les aider à recruter, former, et faire la promotion à temps plein des talents musicaux provenant de l’ensemble des Amériques. «Je me sentais à l’aise en tant que médiateur culturel travaillant pour une organisation de musique classique avec un cœur populaire. Je suis tombé en amour avec ce projet et ils m’ont permis de gravir les échelons et de devenir non seulement PDG de l’orchestre, mais aussi de bâtir une série d’initiatives qui font avancer l’organisation».

Au cours des tournées avec l’OA dans plus d’une quarantaine de pays, Gillespie a développé un vaste réseau de partenariats nationaux, de décideurs, législateurs, et gens d’affaires et mis sur pied de nouveaux orchestres de jeunes en Colombie, en Jamaïque, en République Dominicaine, au Mexique et aux Émirats arabes unis, entre autres. En collaborant avec des partenaires dans le monde corporatif à travers l’Amérique latine et au-delà, Gillespie découvre l’intérêt de ce milieu à contribuer à l’épanouissement des talents et à la réalisation du potentiel humain.

«Dans tous les secteurs, ceux qui ont accompli des choses exceptionnelles comprennent que les talents remarquables qui existent dans le monde nécessitent d’être développés, y compris dans le domaine des arts», observe Gillespie. Ces professionnels sont conscients de l’importance «d’identifier les diamants bruts et de les polir en leur fournissant l’investissement dont ils ont besoin pour se forger des carrières qui auront un impact sur le monde», explique Gillespie.

Pour soutenir cette mission, le conseil d’administration de l’OA est composé d’un groupe international d’entrepreneurs «prêts à nous aider à nous adapter et à répondre aux opportunités et aux besoins du marché éducatif le plus rapide possible». Suivant les encouragements de la présidente du conseil d’administration d’OA, Hilda Ochoa-Brillembourg, et à l’aide de la recommandation de sa collaboratrice et amie Marie-Josée Desrochers (PDG de la Place des Arts), Gillespie lance une candidature à l’Executive MBA McGill-HEC Montréal (EMBA). Gillespie remporte la bourse annuelle EMBA pour leaders culturels de la prochaine édition, suivant les traces d’anciens récipiendaires, dont Desrochers et Sophie Galaise (PDG de l’Orchestre symphonique de Melbourne), avec qui Gillespie avait collaboré à l’Orchestre Symphonique de Québec.

Le programme, que Gillespie décrit comme «le seul MBA de ce calibre au monde offrant une bourse annuelle destinée aux personnes du secteur culturel», a servi de modèle pour le Global Leaders Institute (GLI). Lorsqu’il a commencé le EMBA, Gillespie développait déjà le GLI comme moyen d’aider les musiciens émergents à développer leurs compétences en leadership «en les envoyant sur le terrain pour enseigner et faire du bénévolat dans différents endroits. C’était comme un Peace Corps pour les musiciens», précise-t-il.

La structure du GLI est inspirée du programme EMBA, explique Gillespie. Il suivait la plupart de ses cours à distance, échangeait avec ses camarades de classe sur Skype et prenait l’avion une fois par mois pour une fin de semaine intensive à Montréal. Remarquant l’efficacité de la structure hybride de ce programme, Gillespie s’est rendu compte que le GLI devait reprendre son expérience au sein du EMBA et la transformer «dans le premier MBA au monde pour les arts. Il a fallu du temps pour affiner, accréditer, et mener notre programme à bien, mais nous y sommes arrivés». 

Aujourd’hui, le Global Leaders Institute propose un MBA de 12 mois à environ 70 leaders artistiques du monde entier suivant un processus de sélection compétitif. Les participants au GLI comptent des PDG d’organisation reconnues dans le milieu des arts tel le Festival Abu Dhabi, la Fundación Batuta de Colombie, et Live Music Now du Royaume-Uni. 

Le modèle d’enseignement du Global Leaders Institute, explique Gillespie, consiste à «recruter les professeurs des meilleures universités du monde pour enseigner les cours qui composent notre MBA en innovation artistique». Avec des enseignants provenant d’institutions tels la Georgetown University Business School ou le Center for Social Innovation de l’Université Stanford, le GLI apporte une expertise privilégiée à ses étudiants entrepreneurs. «Les partenariats que nous entretenons avec ces universités et facultés exceptionnelles contribuent à rendre l’expérience d’apprentissage du GLI unique et inoubliable», déclare Gillespie.

Un autre aspect clé du GLI est son prix relativement abordable pour un programme de ce calibre. Grâce à une combinaison de bourses, de parrainages et d’opportunités de collecte de fonds, le MBA des arts offre une expérience équivalente à un MBA de haut niveau pour une fraction du prix. Cela répond à sa mission d’accessibilité à l’échelle mondiale.

Alors que les cohortes de participants aux GLI se sont diversifiées pour inclure des leaders provenant du secteur culturel, dont la danse, le cinéma, ou les musées, par exemple, l’intérêt principal de Gillespie reste la musique et la formation des musiciens. «La raison pour laquelle la formation en musique classique est si importante pour les jeunes partout dans le monde», explique Gillespie, «c’est qu’elle vous apprend que le chemin menant vers la réussite est composé d’une centaine de milliers de petites étapes en cours de route. C’est une grande qualité de vie», note-t-il.

S’appuyant sur ses propres valeurs, son expérience entrepreneuriale à l’international et sa vision de la musique comme outil de croissance et de responsabilisation, Gillespie cofonde le Conservatoire de musique OAcademy. Sa mission est simple : démocratiser l’accès à l’éducation musicale de haut niveau pour les talents exceptionnels venant des quatre coins du monde.

Réagissant aux inégalités créées par les institutions d’élite situées dans quelques «villes très coûteuses comme New York qui détiennent le monopole de la formation musicale de haut niveau», Gillespie a fondé la OAcademy dans le but d’accroître l’accès à l’enseignement musical supérieur dans les régions défavorisées où les talents abondent. «Le talent est réparti équitablement, alors que l’opportunité ne l’est pas, et je parle d’opportunité en termes de formation, car même pour trouver des emplois et bâtir ces carrières, il faut d’abord la formation», ajoute-t-il.

Tout comme le GLI, la OAcademy est basée sur un modèle d’apprentissage hybride, où l’enseignement instrumental en ligne donné par des professeurs de renommée mondiale, tels que le violoncelliste Yo-Yo Ma, la pianiste Gabriela Montero et de nombreux premiers pupitres et solistes des orchestres américains et européens, et combiné avec des opportunités de rassemblement en personne (concerts ou répétitions). Une initiative de l’Orchestre du Groupe des Amériques, le conservatoire innovant est divisé en quatre branches : l’Orchestre, le Piano Lab, le studio de composition et le Conducting Fellowship. 

Offrant pour le moment un diplôme d’artiste, l’OAcademy vise à combler l’écart de plus en plus grand entre les conservatoires traditionnels et les exigences du monde professionnel. Bientôt, l’OAcademy élargira son programme en offrant «le premier Master en interprétation musicale et leadership : un diplôme d’études supérieures de classe mondiale et de haut calibre auquel les musiciens peuvent accéder de n’importe où dans le monde», déclare Gillespie.

Bien que ces programmes soient principalement destinés aux «talents négligés» issus de régions rurales, l’admission ne se limite pas aux étudiants correspondant à ce profil. «Vous grandissez et apprenez en côtoyant des étudiants venant du Canada ou de New York qui souhaitent s’inscrire pour diverses raisons. Il faut rester compétitif, ouvert sur le monde et permettre aux meilleurs et aux plus brillants d’y accéder», explique Gillespie.

Tout comme pour le GLI, les frais d’un diplôme d’artiste dans l’un des quatre programmes de l’OAcademy sont considérablement inférieurs à ceux des établissements d’élite dotés d’un corps professoral comparable. Cependant, explique Gillespie, l’académie fait une distinction entre sa philosophie d’accessibilité et l’importance de l’investissement individuel.

Le GLI et la OAcademy souhaitent que les candidat.e.s retenu.e.s comprennent que la croissance nécessite un investissement de temps et de moyens. «Nous voulons que les candidats sachent que ce travail est important, sans pour autant les empêcher de participer. Le degré d’engagement d’un fellow dans sa croissance professionnelle augmente en proportion à son investissement personnel. Ce modèle de marché garantit que nous accordons toujours la priorité aux objectifs et aux résultats de nos boursiers en réinvestissant constamment pour élargir le calibre de notre formation», explique Gillespie.

Gillespie considère le programme conjoint McGill-HEC comme son «étoile du nord», source d’inspiration derrière ces deux entreprises, parmi d’autres. En fait, le travail final de Gillespie à l’EMBA était d’élaborer une stratégie pour transformer le Global Leaders Institute en un MBA. Travaillant en étroite collaboration avec des camarades issus de divers horizons professionnels, le modèle qu’ils ont développé ressemble beaucoup à celui que le GLI suit à ce jour. «Je suis très reconnaissant pour cette expérience, qui continue d’inspirer ma façon de penser aujourd’hui. Je suis très heureux de raconter cette histoire», conclut Gillespie.

 

Pour plus d’informations sur les programmes, les professeurs et les participants au Global Leaders Institute et à l’OAcademy, voir : www.globalleadersinstitute.org ; oacademy.live

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