Emmanuel Vukovich : Le chemin de la résilience

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Paru en novembre 2023, le premier album d’Emmanuel Vukovich, Resilience, est l’aboutissement d’une réflexion sur ses propres racines et sur la capacité de résilience de l’humanité.

« Quand j’étais jeune, mon père jouait de l’accordéon et chantait des chansons folkloriques croates, dit Vukovich. Il est décédé subitement deux mois avant l’enregistrement de cet album et a été très présent tout au long de cette aventure. Je pense que c’est sa forte croyance dans les valeurs traditionnelles, souvent en conflit avec l’identité contemporaine, qui m’a mené vers ce projet. Resilience est une quête d’une meilleure compréhension de qui je suis, d’où je viens et où je vais. »

Né à Calgary d’un père canadien d’origine croate et d’une mère allemande, M. Vukovich a toujours ressenti un lien profond avec son héritage culturel et agraire. Des générations d’agriculteurs au sein de sa famille ont suscité son intérêt pour l’agriculture locale et durable et l’ont amené à étudier à l’École d’environnement de l’Université McGill.

Resilience, publié par HitMusic Lab, produit par Leaf Music et distribué par Warner Music Canada, avec le soutien du Conseil des Arts du Canada, est largement inspiré par les recherches et les transcriptions de musique folklorique de Belá Bartók. Bartók est célèbre pour avoir combiné les traditions folkloriques occidentales et orientales – systèmes tonaux, modaux et atonaux – dans le cadre de la composition musicale occidentale moderniste. Bartók a trouvé ses sources dans la musique folklorique orale polymodale, dont les racines sont largement antérieures à la période tonale occidentale (1600-1900).

Resilient Earth a été composée pour Vukovich par la compositrice américaine Sheila Silver pendant la pandémie de coronavirus. L’œuvre est composée de quatre caprices pour violon solo – Chipmunks & the Owl, Stillness by the Pond, Teeming with Life et Lost Nigun – qui représentent chacun l’un des quatre éléments. « La terre, qui a la capacité de tous nous soutenir, est incroyablement résiliente et nous nourrira si nous la nourrissons », écrit Mme Silver.

L’album contient également Patina, un caprice pour violon solo d’une grande virtuosité timbrale de la compositrice canadienne Zosha Di Castri, sélectionné aux prix Juno, et la Sonate pour violon et piano, d’inspiration hindoustanie, du compositeur canado-sri-lankais Dinuk Wijeratne, lauréat d’un prix Juno, interprétée avec la pianiste canadienne Katherine Dowling.

Au centre de l’album se trouve la Sonate pour violon seul de Bartók, qui comprend aussi la première mondiale de trois transcriptions de Bartók de mélodies folkloriques turques, roumaines et serbo-croates. Ces transcriptions ont été arrangées par Vukovich lui-même pour violon, voix et vielle à roue et enregistrées avec le baryton canadien Philippe Sly. Resilience été enregistrées au Domaine Forget de Charlevoix par la Tonmeister Martha de Francisco et l’ingénieur du son Haruka Nagata et John DS Adams prepare presented et un version en Dolby Atmos immersive audio.

Au cours de ses études doctorales à l’Université de Stony Brook, Emmanuel Vukovich découvre la collection historique de Bartók, composée d’enregistrements réalisés sur le terrain et de transcriptions manuscrites originales de mélodies folkloriques d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord et de Turquie. « On sait tous que Bartók a été un pionnier de l’ethnomusicologie, dit-il. Je supposais qu’il s’agissait de quelques centaines de pages manuscrites, mais lorsque j’ai commencé à faire des recherches sérieuses, je me suis rendu compte que c’était bien plus touffu. L’étendue et la profondeur des recherches de Bartók sont stupéfiantes ; il existe des volumes de tabulateurs dans lesquels il analyse les syllabes, la tessiture et la structure rythmique de chaque mélodie. Bartók estimait qu’il s’agissait là de sa contribution la plus importante pour l’évolution de la musique ».

L’album Resilience est le premier d’une série d’enregistrements visant à présenter les recherches de Bartók, conservées dans la Performing Arts Collection of Rare Books & Manuscripts de l’Université Columbia, dans la Milman Parry Collection of Oral Literature de l’Université Harvard et au musée d’ethnographie de Budapest, pour la première fois dans le studio d’enregistrement et sur la scène de concert.

À l’instar de Bartók, Emmanuel Vukovich cherche à relier les polarités apparentes. Qu’il s’agisse de la musique et de l’agriculture biologique ou de la recherche sur la tradition orale et l’innovation numérique, le parcours de M. Vukovich a été « inspiré par ceux qui ont tenté de surmonter des obstacles en apparence insurmontables ».

Fervent interprète de la musique pour violon solo de J. S. Bach, Vukovich considère que l’harmonisation de plus de 400 mélodies sacrées dans la tradition luthérienne médiévale par le grand maître baroque et l’exploration par Bartók du timbre, du rythme, de la mélodie et de l’harmonie dans la tradition orale de la musique folklorique sont les grands piliers du langage musical classique moderne.

Selon lui, l’avenir de la musique contemporaine est inextricablement lié aux traditions de la musique folklorique du monde entier. Puisant dans un vaste répertoire de sources musicales, Vukovich fait écho à son inspiration musicale en ces termes : « L’approche de Bartók tend à se connecter plus profondément à la tradition, en remontant plus loin dans le temps pour aller vers l’avenir. L’arbre ne peut grandir que s’il a des racines solides. »

L’album est accompagné d’un livret relié en édition limitée, fabriqué à Montréal par Book Art, et d’une boîte en bois de peuplier français, inspirée de Joseph Beuys et fabriquée à la main par Jean-Charles Roussel à Überlingen, en Allemagne. Le livret renferme des œuvres de l’artiste Mi’kmaq Teresa Marshal et de l’artiste américaine Mary Frank.

Traduction par Mélissa Brien

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Biography

Lauréat du concours national de musique de chambre Fischoff, Emmanuel Vukovich a reçu le prix du Violon d’or de l’Université McGill en 2007 et a été trois fois lauréat de la Banque d’instruments du Conseil des arts du Canada, dont un Nicolò Amati de 1690 et un G. B. Guadagnini de 1752. Il a étudié le violon à l’École Juilliard (préuniversitaire) avec Dorothy DeLay et Masao Kawasaki; à l’Université McGill (B. Mus.) avec André Roy et Denise Lupien; au New England Conservatory (M. Mus.) avec Lucy Chapman, Soovin Kim et Donald Weilerstein; et à l’Université de Stony Brook (D. Mus.) avec Philip Setzer et Eugene Drucker du Quatuor Emerson et dont le professeur Oskar Shumsky avait travaillé avec Bartók.

Playlist

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