Critique CD | En Route (Leaf Music, 2023)

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En Route
Gillian Smith, violon
Leaf Music, novembre 2023

Pour le meilleur ou pour le pire, En Route est un exemple parfait de l’impact de la longueur des pistes, des titres et des voix humaines (ou de leur absence) sur l’expérience de l’auditeur d’un album.

La première série de morceaux, Nebula Variations, est signée Derek Charke, dont les compositions proposent des analyses expérimentales de la nature de la musique et de l’instrumentation. Ces variations ne font pas exception à la règle : la première explore la tessiture, en utilisant des notes graves et aiguës pour mesurer leurs différences de texture; la troisième explore le son des cordes jouées simultanément. Toutes deux transmettent des idées par le biais de courtes durées et de mélodies libres. L’interprétation soignée du violon de Gillian Smith ne parvient cependant pas à exprimer l’innovation dans les variations 2 et 5, qui expérimentent avec des crescendos discordants et des pincements de cordes, pendant leurs durées respectives de sept et neuf minutes.

La pièce de Hsiu-Ping Wu, plus longue que les deux variations, est une expérience beaucoup plus agréable. La pièce utilise des sauts d’octave, des grattements, des changements de tempo et des silences pour générer une tension angoissante. L’auditeur en vient à associer des émotions à des techniques instrumentales spécifiques. Dualisms d’Amy Brandon utilise ensuite des titres descriptifs tels que Darkly Melting et Joyfully pour générer la même clarté émotionnelle que l’œuvre de Wu, tout en utilisant la concision des variations de Charke.

Tree Talk, qui suit, est une bizarrerie. Contrairement à Smith, qui entretient une conversation avec son instrument, la « voix » du violon ne sonne pas du tout comme une voix, mais plutôt comme une collection de motifs pleurnichards et désagréables avec peu de flux lyrique. Smith dit à l’auditeur ce qu’il doit ressentir au lieu de lui permettre de ressentir par lui-même, ce qui crée une tension avec le principe précédemment affirmé dans l’album selon lequel les mélodies du violon ont le pouvoir de véhiculer leurs propres significations.

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